16 décembre 2015

N° 156 - Les ko-taxes


J'avais entendu à la radio Mme Morano, plus lettrée qu'on ne croit, qualifier NKM de "mijaurée". Son ennemie jurée sans doute ? Elles connaissent pourtant la même disgrâce... J'avais retrouvé dans le "Bourgeois gentilhomme" : Voilà une belle mijaurée, une pimpesouée bien bâtie... Je songeais, dans la queue de la caisse 5 du Primini, à m'en servir dans un prochain billet. Pimpesouée, pimbêche... Curieux, ça n'existe pas au masculin. Mais chichiteux, oui. J'inventais déjà des mots à la Sarko : une pimbijaurée tourneboussolée1, une pimbéchouée farfelotte, une pimpêchiteuse enrhubarbouillée...

Mais le ton montait dans la file voisine, celle de la 6. C'étaient encore la brave Huguette et l'incorrigible Léon qui se chamaillaient2 !

-    Vous avez vu, Léon, il y a des produits halal maintenant au Primini.
-    Oui, Huguette, j'ai vu. Juste après le rayon casher et antillais. Et alors ? Il y a des clients...
-    Quand même, Léon, jusque chez nous ? Moi, je suis d'accord avec Mme Kosciuszko: s'ils ont besoin de mosquées, ce n'est pas à nous de payer. Il n'y a qu'à taxer la viande halal3.
-    On se demande ce qu'ils mangent, eux, les Komachinko, avec un nom pareil... Mais je suppose que vous proposez aussi une dime sur la bûche, la dinde et le chapon, pour payer les illuminations de Noël ?
-    Léon, vous n'êtes pas sérieux. Noël, ça fait partie de nos traditions : nous sommes un pays chrétien !
-    Ouais... Mais ça nous coute cher, l'entretien des églises. Tenez, on devrait remettre la gabelle4 sur le sauternes et le monbazillac. Ce sont les vins de messe préférés des curés, vous le saviez ?
-    Léon ! Vous allez blasphémer ! 
-    Huguette, mettez-vous dans la tête qu'on n'est plus au moyen âge. Aujourd'hui on n'obtiendrait pas des Rouennais de quoi payer la "tour de beurre" de leur cathédrale contre le droit de bouffer du beurre, de la crème fraiche et du pont-l'évêque pendant tout le carême5 !
-    Evidemment, Léon, je sais : on est en république, laïque, tout ça...
-    Voilà ! Et l'égalité : on ne paie pour personne. Même les bouddhistes. Vous savez qu'ils sont presque un million en France ? Avec des temples, des ashrams à gérer. Vous n'allez pas proposer de coller une vignette sur leur grand et leur petit véhicule ?
-    Léon, vous me fatiguez ! Je vous parle des églises, des mosquées...
-    Et les gens comme moi alors, nombreux, si nombreux, qui se demandent, comme Souchon : "Et si le ciel était vide ? Et si, en plus, y a personne ?" Et tous ceux qui ne croient vraiment ni à Dieu ni à Diable, ni au côté lumineux ni au côté obscur de la Force6 ? Qu'est-ce qu'on pourrait taxer pour qu'ils aient des endroits où se réunir ?
-    Calmez-vous Léon, calmez-vous. Je ne sais pas, moi... En tout cas pour les mosquées il vaudrait mieux que ni les sous, ni les imams viennent d'on ne sait pas où.
-    Là, je suis d'accord avec vous. Mais au fait, vous savez combien de curés des paroisses de France viennent d'Afrique ? Dites un chiffre, pour voir. A votre idée... Un sur cinq ! Alors, expliquez-moi, Huguette : pourquoi vous n'embauchez pas, ici, chez nous ?





Et pour K&JJ qui apprécient mes notes de bas de page :
2 Vous vous souvenez des "Mots //" n°129, du 9/9/2014 ?
4 Le mot vient du provençal gabela et désignait à l'origine un impôt indirect, prélevé notamment sur des articles de la production industrielle ou agricole en France durant le Moyen Âge et l'Ancien Régime (gabelle des vins, des draps, du blé).
5 Je n'apprends rien aux Normands. Les autres consulteront http://www.rouen-histoire.com/Cathedrale/tour_de_beurre.htm
6 Star wars, of course...


2 décembre 2015

N° 155 - Sic transit


Pas facile de reprendre ses habitudes après ce qu'il s'est passé... Ni de se remettre, sans entrain, à écrire des futilités, qui feront au mieux sourire jaune. Et qui paraitront fatalement aussi fades et maladroites que prématurées et déplacées. Mais il ne faut pas nous laisser faire. Alors, essayons.

Ce préambule inhabituel me donne l'occasion d'adresser un clin d'œil à mon cadet, le "verbicruciste invétéré". Nous venons de nous rejoindre : lui à la tête de 155 grilles, moi de 155 billets ! L'œillade est d'autant plus appuyée que je vais m'aventurer ici dans ce qui fut un peu sa spécialité médicale. Au risque de me rendre suspect de... carabinade.



     J'ai entendu à la radio ce pauvre François Morel, qui aurait aimé parler d'autre chose. Mais de quoi ? Le carnage commis froidement par des tueurs complètement givrés nous a tous glacés d'effroi. Alors, la Cop21 peut-être ? Oui, pour nous réchauffer un peu (mais pas trop quand même)... Et pour parler de vivre, vivre ensemble sur cette planète, plutôt que des soi-disant "fous de Dieu" qui prétendent hâter la fin du monde [1]. Tenez, causons du roi de Suède, qui nous ouvre son cœur et sa salle de bains. Cela fait du bien de se sentir aussi solidaires, presque intimes. Charles XVI Gustave prend sa douche (tous les Suédois ne font pas toilette en se roulant nus dans la neige). Il nous montre sa baignoire, qu'il va faire déposer. Il a honte de ce qu'il faut d'eau chaude pour la remplir, honte des calories gaspillées. Il s'écrie : "Jag hittade (en français : euréka) : supprimons les baignoires !"  C'est sa contribution à la Cop21. Cela me rappelle une définition chère aux cruciverbistes : vide les baignoires et remplit les lavabos. L'entracte... les salles de spectacle... Non, parlons d'autre chose.

     Oui, des Suèdois encore. Un tiers des bus de Stockholm roulent maintenant au biogaz produit par la fermentation de ses eaux usées. C'est-à-dire, ne tournons pas autour du pot, des déjections [2] de ses habitants [3]. Sans distinction de couleur, de sexe ni de religion. Non plus que de cuvette, à l'occidentale ou à la turque. Mais évitons les digressions... Rendons plutôt ce qui lui est dû à César, c'est à dire au trône d'Angleterre : voilà un an que le premier bio-bus circule à Bristol [4]. Une ville plutôt connue jusqu'ici pour son papier, qu'on associe difficilement aux lieux d'aisance. 
     On le voit sur la photo, on n'y fait pas mystère de l'origine du carburant. S'ils suivent cet exemple les autocars promus par M. Macron trouveront grâce aux yeux des écolos. Surtout s'il n'est pas nécessaire de faire le plein à l'usine à gaz. Car JCDecaux ne tardera probablement pas à concevoir pour la RATP un sanisibus, aussi convivial qu'autonome. Un rouleau de papier recyclé y tiendra lieu de passe Navigo. Pas question cependant de double-decker, gentlemen upstairs, ladies en bas. Non, tous ensemble, tous ensemble. Mais parlons d'autre chose...

     Ce mode de fonctionnement vaudra aussi pour les voitures, naturellement. Il suffira de modifier les sièges et de les relier à un petit fermentateur dans un coin du coffre. Du coup le covoiturage aura le vent en poupe (?) : plus on sera, plus on ira loin. Et c'en sera fini du principe des précautions avant de partir. Aucun problème non plus avec les deux roues : les motards pourront rouler plein-pot. A la maison même, un méthaniseur domestique bouclera la boucle en faisant tourner le compresseur du frigo. Grâce à de substantielles... exonérations.

     Encore un mot quand même. On sait jusqu'où Vladimir Poutine se dit déterminé à buter les terroristes [5]. Maintenant que nous sommes presque coalisés, demandons-lui de leur laisser deux minutes, rien que deux minutes. Le temps de faire quelque chose pour nous, et pour la planète. Et n'en parlons plus.








[1] Il s'agit là d'eschatologie (du grec eskhatos, dernier, et logos, discours) : croyances relatives aux fins dernières de l'homme et de l'univers. 
[2] A ne pas confondre avec scatologie (du grec skôr) : propos ou écrits grossiers où il est question d'excréments.


11 novembre 2015

N° 154 - A la volette...


J'entends à la radio Allain Bougrain-Dubourg, le meneur de la LPO. Rien à voir avec l'OLP ou la lutte prolétarienne ouvrière : c'est la ligue pour la protection des oiseaux. Pas étonnant qu'il s'appelle Allain, avec deux ailes. A propos de sa pelle : un bougre, un du bourg landais où il venait de s'arrêter, l'a chassé à grands coups de la sienne1. Pour l'empêcher de démolir ses attrapoires à pinson. C'est qu'il ne fait pas bon avoir un bec et des plumes dans le sud-ouest ! On y gave l'oie et confit le mulard, on y traque la palombe et croque l'ortolan ; on y embroche même le pinson. Non, ça n'est pas gai... Prévert l'avait remarqué : "Le pinson n'est pas gai : il est seulement gai quand il est gai, et triste quand il est triste, ou ni gai ni triste. Est-ce qu'on sait ce que c'est, un pinson2 ?"

Aussi quand il a découvert les rangées de matoles3 au pied des maïs, ABD a couru délivrer les oiseaux pris au piège : petits passereaux de passage, pinsons qui s'étaient fait pincer. Il a encouragé sa troupe : "Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux. Regardez-les s'envoler : c'est beau. Les enfants si vous voyez des p'tits oiseaux prisonniers, ouvrez-leur la porte vers la liberté."

C'est vrai, c'est beau, cela fait envie, un p'tit oiseau bariolé qui voltige et s'en va on ne sait où. Comme celui que chantait Bécaud : "Ça f'sait longtemps que j'n'avais pas vu un petit oiseau dans ma rue. Je ne sais pas ce qui m'a pris : il faisait beau, je l'ai suivi, le p'tit oiseau de toutes les couleurs, le p'tit oiseau de toutes les couleurs." 

ABD dénonce et démonte les filets, les nasses, les rets, les grillages placés sur le chemin des migrateurs. Voyageurs de toutes couleurs, en route vers... le sud, l'Afrique ou le Moyen-Orient ! Là où il y a de quoi manger, où il fait bon vivre, en paix, sans se faire... canarder.



2 "Dans ma maison", chanté par Yves Montand.
3 Matole : piège composé d'une armature de bois et de grillage ; en picorant, l'oiseau déséquilibre la tige qui retient la cage et se trouve prisonnier.


29 octobre 2015

N° 153 - Menu menu


J'entends à la radio qu'il faut vraiment faire attention à ce que nous mettons dans nos assiettes. On nous alerte de toutes parts à l'approche des fêtes. Mais je veux rassurer nos amis. Marinette et Pamphile, Léonor et Désiré, soyez sans crainte : quand vous viendrez partager notre réveillon, vous ne courrez aucun danger. J'y veillerai personnellement.

Léonor, tu le sais, nous avons déjà banni le foie gras et les huitres, depuis que tu nous as convaincus qu'il est aussi inhumain d'avaler les fines de claire vivantes que de gaver les oies. C'est une cause entendue.

Toi, Pamphile, qui raffoles des plats du terroir, tu seras d'accord pour qu'on renonce aussi au cassoulet et à la choucroute. Tu sais maintenant que la saucisse, qu'elle soit de Toulouse, Montbéliard ou Strasbourg, nous expose au cancer, tout comme le lard, la couenne, le jarret, l'épaule et l'échine de porc. En fait, rien n'est bon dans le cochon. Tout est cancérigène. Enfin, cancérigène ou cancérogène. Si c'est ogène, ça favorise l'apparition du cancer ; si c'est igène, ça facilite son développement. Donc si tu manges ogène avant igène, tu es foutu. Mais si tu fais l'inverse, disons les saucisses après la viande, tu risques moins. En principe... Mais ce n'est pas tout à fait sûr, alors on fait une croix dessus. Déjà que ce n'est ni halal ni casher...

Désiré, tu vas nous dire : "Pas de souci, faites nous donc une petite fondue bourguignonne, ou un bon civet de biche". Mais, malheureux, à la fin 2015 tu auras sans doute déjà bouffé un demi-quintal de viande rouge. C'est moitié trop ! Retiens bien ça : une livre par semaine, maxi, sinon, un de ces jours, ton colon va te rappeler à l'ordre, recta !

Marinette a raison : on peut très bien se passer de bidoche et faire un excellent gueuleton de pâtes, de lentilles et de riz. J'essaierai de trouver un épicier qui vende ça en vrac, dans des grands sacs de jute*. Parce que dans des boites en carton recyclé, imbibé d'hydrocarbures et d'encres toxiques, on nous a prévenus, c'est mortel ! Bien sûr, il pourrait y avoir une deuxième enveloppe vierge, en sécurité, mais ça ferait deux fois plus d'emballages au tri sélectif et ainsi de suite... 
Par contre, sur un sac de jute, est-ce qu'on peut trouver facilement la provenance, la traçabilité, les informations nutritionnelles, tout ça ? C'est à voir...

Bon, chers amis, nous tenons beaucoup à vous, vous le savez. Alors pour le réveillon nous allons faire simple et sûr. Pour une fois je ferai la cuisine moi-même. Nous nous régalerons uniquement de pain complet, riche en fibres, et de végétaux du jardin, garantis sans pesticides, cueillis sur place le jour même, sans transport ni empreinte carbone. Nous les dégusterons crus, bien entendu, pour ne laisser perdre aucun nutriment, aucune enzyme ni la moindre vitamine. Et nous les mastiquerons lentement pour ménager nos estomacs.
Je sais : notre potager se limite à quelques jardinières de balcon, où ne pousse que du géranium. Mais je vais me renseigner. Ne vous inquiétez pas. Je vais quand même m'assurer qu'il ne s'agit pas de géranium 235 radioactif.



*Comme mon grand-père à Brionne, dans l'Eure, après la guerre...



22 octobre 2015

N° 152 - Camping *****


J'entends à la radio que notre Ministre de l'Intérieur s'est encore rendu à Calais, où nos voisins britanniques contraignent des milliers de pauvres diables à bivouaquer. On s'en émeut, à juste titre(1). On ne trouverait pas déplacé que les plus hauts dignitaires de la douce France et de la blanche Albion se rencontrent sur place, à l'exemple de notre François, premier du nom, et de Henry VIII, le terrible prédécesseur de leur gracieuse majesté. A l'époque, François et Henry, disposés à résorber quelques différends, convinrent de passer un peu de temps ensemble, aux marches mêmes de leurs royaumes. Il se trouve que le roi Henry avait conservé de ce côté-ci de la Manche un pied-à-terre : le Calaisis justement (que ses successeurs regrettent probablement)...

Lisons ce que rapportent les chroniques(2).
Sitôt la chose décidée, une noria de vaisseaux transporte depuis la Tamise tout ce qu'il faut pour qu'Henry s’installe près du village de Guînes, en son fief, avec son innombrable cour : matériaux, tapisseries, étoffes de velours, vaisselle d'argent... On y monte un palais de bois et de verre de cent mille pieds carrés "où y avoit quatre corps de maison qu'il avoit faict charpenter en Angleterre, et amener par mer toute faicte". On livre assez de bétail et de victuailles pour nourrir des milliers de bouches et suffisamment de vin pour alimenter deux fontaines pendant des semaines.
François Ier, lui, prend ses quartiers près de Ardres, en terre française, à trois lieues de là. Sa tente, haute comme une tour et couverte d'une étoffe d'or frisée, est tapissée de velours bleu "tout semé de fleurs de lis de broderie d'or de Chypre". Des centaines d'autres tentes, drapées de soieries, abritent la reine Claude et les grands du royaume. Les seigneurs invités à participer à la rencontre se ruinent pour l'aménagement de leurs tentes et les broderies de leurs pourpoints d’apparat. On dit qu’ils portent les forêts et les moulins qu'ils ont vendus sur leurs épaules ! La plaine de Flandre fourmille d'oriflammes, de baladins répétant leurs spectacles, de gentilshommes et de dames paradant en grande toilette. Même les chiens des suivantes portent des colliers de pierres précieuses. 
Cinq mille ouvriers ont participé aux travaux. Les deux villages comptent près de trois mille tentes, recouvertes de velours ou de drap d’or.  

C'était le fameux "camp du drap d'or"... Les temps ont changé. A l'époque, il n'y avait pas vingt millions d'habitants en France mais il parait que nous n'avons plus autant de moyens. Nous ne pouvons plus proposer à nos hôtes de passage que des containers recyclés ou des bâches de PVC plantées dans des cloaques fétides et nous ne savons plus leur servir que des soupes populaires...


(1)      Voir : http://www.change.org/appeldecalais
(2)        En particulier celles que cite le Comité des Fêtes de Ardres, fier de sa "géante" Belle Roze.


1 octobre 2015

N° 151 - A lire d'une traite


J'entends à la radio que l'agriculture, l'élevage, mon bon Monsieur, ça n'est plus ce que c'était... Je me souviens d'avoir essayé quand j'étais jeune (très jeune...) de traire une vache, assis sous elle, sur un petit tabouret de bois à trois pieds, dans l'herbage de l'Oncle Albert. Pas facile... Mais gouter le lait chaud, directement dans le seau en fer blanc, avec une vraie paille en paille ramassée dans l'herbe, quelle fierté !

Aujourd'hui la traite est assistée par ordinateur. Un robot palpeur commence par tripoter les pis pour y prélever et analyser de quoi détecter un risque de mammite (eh oui, on vivait dangereusement chez l'Oncle Albert)... Des charolaises sont équipées de "colliers d'activité". Quand une bête est en chaleur et ne tient plus en place, son collier envoie un SMS à l'ordinateur, qui programme aussitôt l'insémination. Des bretonnes pie noir sont pesées et scannées du mufle au bout de la queue tous les matins* : le logiciel ajuste aussitôt la composition des rations administrées à chacune par le robot ravitailleur.

La tablette est entrée à l'étable...

Mais il y a des trous paumés, pas couverts par l'ADSL, où il faut une heure pour enregistrer un veau nouveau-né, où des éleveurs qui ne peuvent utiliser leur PC portable au champ réclament le haut débit. Si Trenet était encore de ce monde, il chanterait peut-être une nouvelle mouture de :
     "Ah qu'il est beau le débit de lait 
     Ah qu'il est laid le débit de l'eau 
     Débit de lait si beau, débit de l'eau si laid 
     S'il est un débit beau c'est bien le beau débit de lait. "

 Là-dessus on apprend que des troupeaux de vaches sauvages errent dans les Pyrénées. L'une d'elles est même tombée sur une voiture au Perthus. Il semble qu'elles viennent de Catalogne. Peut-être rebelles et indépendantistes... Ou bien réfractaires aux fermes-usines et au numérique, et allergiques aux user-manuals, keyboards et softwares ? Les vaches espagnoles parlent si mal l'anglais...


*Je n'invente rien ! Si tu veux vérifier, réécoute sur France Inter le journal de 7h du 1er octobre.


Un vieux dessin de... 1978 (!) recyclé pour l'occasion.

12 septembre 2015

N° 150 - Parallélépalmipède


J'entends à la radio que le Canard enchainé a cent ans. Cent ans... et toujours vivant ! Ceux qui captaient la TSF dans les années 50 (sur un poste à galène peut-être ?) et se souviennent de Robert Lamoureux savent que les canards ont parfois la vie dure. Celui du mercredi est de ceux là.
Je me permets, chers lecteurs, de lui rendre un modeste hommage car il est arrivé que (particulièrement enclins à l'indulgence ou à la flatterie ?) vous me suggériez de lui soumettre l'une de mes chroniques, jugée suffisamment pertinente et impertinente. Je m'y suis risqué une fois ou deux. Mais ce ne sont pas les bonnes plumes qui manquent au Canard ! Aussi a-t-il superbement ignoré ce jeune blanc-bec... qui ne fête guère que ses dix ans, avec son numéro 150.

Le numéro 1, c'était à la fin de l'été 2005. Chirac était encore président, le baril était cher, la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers n'arrangeait rien et l'on espérait y échapper avec les biocarburants. Aujourd'hui le super est au plus bas. Cela nous a poussés, Micheline et moi, à filer vers la Côte d'Azur, où nous nous trouvons. Il y a du soleil, la mer est belle et le pastis rafraichissant. Je souris en relisant ce premier numéro... et en essayant d'oublier un peu l'actualité.

Mais qu'est-ce qui m'a pris de vous envoyer ça, ce jour là ? Puis de récidiver ?...


N°1         19/9/2005

Des petites fleurs dans un monde de brut  


J'entends à la radio que depuis la flambée du baril des malins mettent un tiers de colza dans leur gasoil. Et ça marche !.. Du coup, aux caisses des hypers, on voit passer des caddies emplis de bouteilles d'huile de colza. Mais le monsieur du poste te prévient : c'est in-ter-dit. Faut pas priver l'Etat de sa tit' PP. Si un douanier renifle une odeur de friture au bout de ton pot d'échappement, t'es bon pour une amende.
                
Je repensais à ça hier, à la terrasse d'un bistrot, un dernier jour d'été, devant un dernier pastis... Pour faire durer le plaisir, avant de vider mon verre, je l'ai allongé d'un peu d'eau. 
P…, j'ai eu chaud ! Un képi se pointait au coin du trottoir... J'ai eu le réflexe de tout avaler, cul sec. J'ai coupé au PV. Un pastis, ça va, c'est taxé. Mais plus de cinq volumes d'eau, bonjour les dégâts pour l'économie citoyenne !...



P.S. Pour marquer cet anniversaire n'hésitez donc pas à laisser deux mots de "commentaire", comme vous y êtes invités ci-dessous. Même incognito, sous un "pseudo"...


15 août 2015

N° 149 - Fable économique


J'entends à la radio M. Sapin*. C'est vendredi, c'est le weekend de la mi-août, tout le monde est en vacances... Tout le monde, sauf M. Sapin. M. Sapin ne prend pas de vacances. M. Sapin fait beaucoup, beaucoup d'heures supplémentaires. Il a encore passé des jours et des nuits à discuter du prêt que l'Eurogroupe consent à la Grèce pour qu'elle rembourse à la BCE l'argent emprunté pour rembourser au FMI l'argent emprunté pour...

M. Sapin est fatigué.

Pourtant M. Sapin se lève de bon matin pour aller parler à la radio. Il a une bonne nouvelle à commenter. Elle barre la une des journaux. Au second trimestre la croissance a été nulle. Nulle : zéro pour cent. Mais cela ne décourage pas M. Sapin. Celle du premier trimestre était de 0.7%. Donc, tout va bien. 0.7%, cela reste 0.7%. Ce n'est pas très clair... M. Sapin explique : si votre fils a eu 15 en maths au premier trimestre et encore 15 au second, il n'a fait aucun progrès : croissance zéro ! Mais c'est toujours un bon élève. Oui, bien sûr. Mais, nous, qui avons eu 0.7% au 1er trimestre puis 0% au second ? Pardon, ça, ça n'est pas une note. Ah ?... La note, c'est le PIB. Et le PIB, ça se regarde sur l'année. Croissance zéro au second trimestre, nous sommes sur la bonne voie, ça se confirme. Euh...

Maintenant, c'est moi qui me sens un peu las... Le vendredi, d'habitude, sur France-Inter, j’écoute François Morel. Je le trouve meilleur que M. Sapin. Je m'ennuie de François Morel... Pourquoi les humoristes partent-ils aussi longtemps en vacances ? Aussi longtemps que les communicants de Bercy...




* M. Sapin, tu sais qui c'est, Marinette ? Et toi, Pamphile ? C'est notre Ministre des Finances, voyons !

1 août 2015

N° 148 - Fable cosmogonique


Après les "jeux d'été", place aux devoirs de vacances ! Au programme un peu de cosmographie, mais... sous forme de fable. Ceux (comme Marinette ou Pamphile ?) qui n'auraient rien entendu à la radio sur l'exo-planète Kepler 452b pourront commencer par se documenter sur la toile : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kepler-452_b



Jupiter dit un jour : "Tous les peuples du monde,
S'ils persistent à croître et se multiplier,
Seront fort à l'étroit sur la planète ronde."
Avant que des plaignants n'accourent à ses pieds
Il fait venir les astronomes.
Il clame, en leur montrant les cieux :
"J'en suis le créateur, l'horloger, l'économe !
Votre Terre est petite. Aussi j'entends, Messieurs,
Vous donner une autre planète
Que vous pourrez coloniser.
Choisissez l'astre ou la comète :
Libre à vous de l'organiser."


Le doyen des savants, de sagesse notoire,
S'avance et le salue : "Auguste Jupiter
Nous avons justement, de nos observatoires,
Trouvé à notre Terre une sœur : c'est Kepler.
Mêmes taille et climat, même révolution :
Elle fait en un an le tour de son soleil
Qui par bien des aspects est au nôtre pareil."
Jupiter est ravi : "Voilà la solution !"
Mais le savant reprend : "Kepler est très lointaine...
Le Pharaon eût-il sur la dune égyptienne
Allumé de grands feux en guise de messages
Qu'eussent perçus là-bas des gens à notre image
Qu'on viendrait seulement d'obtenir leur réponse !
Couvrir un tel trajet demande à la lumière
Mille quatre cents ans ! Impensable... On renonce..."

Après cet exposé de vérités premières
Jupin subit encore une leçon fielleuse :
"La Terre et Kepler sont cousines :
Au sein de notre nébuleuse
Claire et lactée, elles voisinent.
Mais, si tu en es bien le père,
Tu dois savoir : cette galaxie est immense.
Deux cent vingt milliards de soleils à l'inventaire !
Tu n'as vraiment pas regardé à la dépense...

Pire, nous avons découvert
Que ta folie impétueuse
T'a fait semer dans l'univers
Cent milliards d'autres nébuleuses !
Aurais-tu fait cela pour nous
Que ce serait un gaspillage
Qui ne nous sert à rien du tout :
Nous n'y trouvons point d'avantage.
N'aurais-tu donc pas réfléchi
Avant de claquer dans l'affaire
Tant d'énergie ? Ah, quel gâchis
Quand nous manquons du nécessaire..."


Là, Jupiter se fâche et fait tonner la foudre.
Les sages avec lui se gardent d'en découdre.
Descendant de l'Olympe ils se disent entre eux :
"Le dieu que nous avons installé sur ce mont
N'est pas à la hauteur. Il en faudrait un bon,
Compétent, à la mode, et qui soit plus sérieux..."
Mais un importun les accoste :
"Et si vous supprimiez son poste ?"


20 juillet 2015

N° 147 - Que faisiez-vous au temps chaud ?

Installez-vous à l'ombre : je vous propose un petit jeu d'été. Rien de bien difficile : il suffit de compléter mon agenda, en devinant le mot (de saison !) caché dans les rimes ou à cheval sur deux autres. Un seul mot, toujours le même. Oui, c'est encore un de ces problèmes-solutions que vous appréciez tant (??) où je suis le seul à me donner du mal...



2/7     J'entends à la radio qu'il se peut que je ----,
Qu'on m'enterre demain dessous un mont-----
Si je ne prends pas garde aux vents, aux hurri-----,
A la touffeur d'été, fatale aux ventr------.
J'irai donc au ciné voir les palmés de ------ :
Au frais, il fait si bon gouter la pell----- !


5/7      Mme Lagarde assomme le populo bal---------timatums, injonctions... Le Grec au caractère vol---------céré, lance la mé------- --tra-rapide d'un referendum !

8/7     Comme j'étais pressé d'emplir un jerri----
Plutôt que de devoir pousser mon véh-----,
Je n'ai pas ralenti au droit d'une chi----.
Je crains qu'on n'ait flashé ma plaque matr----- !

11/7    J'hésite, je renonce à sortir ma bé---- :
Je pourrais en tombant briser ma clav-----.
Je ne veux pas marcher en m'aidant d'une -----
Qui me rende bancal et me désart-----.

13/7    Pays de Caux : à Yvetot et ----, ---tivateurs et producteurs laitiers protestent bruyamment.

14/7    A Vienne les experts passent l'accord au s---,
            Soupèsent chaque mot et chaque part-----.
            C'est fini ! John Kerry a signé : "Yes, you --- !"
            Téhéran est en liesse, exulte, gest-----.
            Mais Ben Netanyahou, sur ses gardes, ri----,
            L'œil rivé au viseur et sur son rét-----.

17/7    Nous rêvons de revoir la cité Vati----
            Depuis la promenade en haut du Jan-----,
            Et de flâner encore au pays de Tos---- ...
            Des tour-opérateurs lisons les fasc------ :
            Vois ces ponts, ces palais, remparts et barba-----
  Ces temples aux frontons ornés de dent------...

19/7    On publie un avis du revenant Strauss - ---- :
Sur la Grèce, impossible qu'il soit rid-----
Car du fonds monétaire il connait les ar-----.
Son point faible, on le sait, ce sont les test------.  

20/7   Pendant ce temps, à Levallois, Bal----, ---otté, lui, plastronne.


29 juin 2015

N° 146 - OGM


J'entends à la radio des choses épouvantables et consternantes. J'en viendrais presque à envier ceux qui s'excusent parfois de ne comprendre goutte à mes chroniques, faute d'allumer assez souvent la radio ou la télé... Oui, Marinette, et toi, Pamphile, je m'en voudrais d'être celui par qui vous apprenez les horreurs et les angoisses qui font l'actualité de ces jours-ci. Ce scrupule retient mes mains au dessus du clavier, sans compter l'inconvenance qu'il peut y avoir à trouver là un peu de matière à sourire...

Il y a pourtant une chose que je ne peux garder pour moi. Marinette, Pamphile, mes amis, je dois vous prévenir : vous pouvez dès maintenant trouver dans les blisters du Prisunic ou sur l'étal du boucher de la viande d’agneau mâtiné de méduse. Pour ma part j'attends encore l'occasion d'en, comment dire... mâchouiller ? J'ai hérité de mon père - et c'est à peu près tout - un goût prononcé pour le gigot d'agneau aux flageolets (1). Voilà pourquoi je suis impatient de savoir si l'agneau-méduse fleure aussi bon la mer et le grand large qu'un vrai pré-salé du Mont. Et je suis curieux, d'un autre côté, d'en tâter la chair pour voir si elle est plus ou moins flageolante que la tête de veau gribiche ou le flanby à la gélatine de varech.

Mais j'entends que la vocation du mouton aux gènes de méduse n'est pas essentiellement gastronomique. L'objectif serait plutôt d'en rendre la peau transparente et phosphorescente. C'est une nécessité dont, je le confesse, je n'étais pas conscient. Je conçois bien que, les nuits d'insomnie, il soit plus facile, dans l'obscurité, de compter des moutons fluorescents. Mais à part ça?... Moi qui avais envie de m'offrir cet hiver une veste en mouton retourné, je vais y réfléchir. La transparence, a priori, ça marche recto-verso, non ? Je n'aimerais pas que, sur mon passage, voyant mon habit neuf, des polissons crient "Vive l'empereur" !

Mais revenons à nos... Non, à nos soucis. N'y aurait-il pas un gène qu'on pourrait inoculer à toute la population, dans une de ces campagnes dont Mme Bachelot avait le secret ? Un gène qui permettrait de repérer à temps tout individu animé d'intentions meurtrières. Par exemple un gène de fugu, le poisson-lune qui enfle quand il s'excite. Ou bien un gène de tourteau, qui fasse marcher l'enragé de travers. Ou, après tout, plutôt un gène de calamar et qu'il aille à reculons au lieu de commettre des atrocités !



(1)     J'ajoute, pour être juste, un faible pour les calembours, les chansons détournées et les alexandrins. Et une certaine affection pour Cyrano. What else ? Je laisse mes frères et sœur compléter la liste...



20 juin 2015

N° 145 - "Qui c'est ?"


     J'entends à la radio parler de problèmes de robinets. Je ne sais pas, mais, comme c'est la saison des examens, j'imagine que c'était peut-être le sujet d'une épreuve du bac ? Non ? Allo ? Ah, pardon, je n'avais pas compris : donc ce serait seulement une boutade, une bonne blague, à propos d'eau, de fuite, et... comment ? Vous dites : de... migrants ? Excusez-moi, je n'ai pas bien suivi les infos ces jours-ci parce que, justement, nous venons de rentrer de Sicile. Et là-bas, vous savez, des migrants en fuite sauvés des eaux (pas tous, les pauvres...) il en arrive des centaines tous les jours ! Mais, continuez, je vous écoute. Vous dites que c'est humoristique, que c'est un nouveau sketch, en stand-up ? Bon... Une histoire de maison inondée... Ah oui, quand même : inondée par des flots de migrants... Rien que ça... Dites-moi, ça ne vous rappellerait pas un peu Fantasia, vous vous souvenez, avec Mickey en apprenti sorcier ? Pardon ? Ah bon ! Vraiment ?... Donc, ça n'est pas Mickey... Ce serait plutôt le magicien... Oui, oui, je vois : grand coup de balai, fermeture de l'arrivée générale, colmatage, tout ça... Bien sûr, je comprends, il s'y verrait bien... D'autant plus qu'il commence à s'y connaitre en vannes. On l'imagine déjà, dans un prochain one-man-show :
"Je suis l'plombier, bier-bier-bier-bier
C'est un beau métier
C'est mon turbin, bin-bin-bin-bin
Aux Républicains"...

     Mais dites, il n'envisage quand même pas de changer aussi la devise de la République ? Dans le genre : "liberté, égalité, étanchéité" ?  Et, en plus, ça tombe au moment où on ne parle que de Waterloo ! 
A propos, je peux vous l'avouer, cet homme-là me fait quelquefois penser un peu à Bonaparte. Et là, je me demande : il ne se préparerait pas à nous en sortir une version waterproof par hasard ?




N.B. Vous avez reconnu, dans le désordre, des références à Fernand Raynaud, Pierre Perret, Walt Disney et qui-vous-savez en meeting à L'Isle-Adam.