19 novembre 2011

N° 71              Retraitement de texte


Quand il est descendu de son petit Solex,
Qu'il a jeté au loin son blouson de latex,
On a senti François (qu'on dit plutôt relax)
Tout à fait mécontent, ou carrément furax.

Ce qu'il a découvert en consultant sa box
Le gonfle, oui le gonfle ainsi que du botox :
Un fâcheux grain de sable, un gravier, un silex
Dans le projet d'accord doit passer au tipex !

Le deal était pourtant ficelé par des X,
Véritables experts, de vrais super phénix…
Mais Cécile flairant l'occasion d'une intox
Va clamant : "L'EPR se passera du mox" !

François vient au charbon, chausse ses Varilux.
Il parvient de sa rage à réprimer l'afflux
En sifflant au goulot un litre de Contrex.
Il s'éponge le front à renfort de kleenex.

Pointant la ligne en blanc du bout de son index,
Il intime aux auteurs : "Creusez-vous le cortex !
Mettez-vous au boulot et travaillez un max.
J'attends le résultat au plus tôt sur mon fax."

Astucieux et finauds comme autant d'Astérix
Ils peaufinent l'ouvrage, en sortent un remix
En un peu moins d'une heure au cadran des Rolex,
Puis sablent le champagne, en flûtes duralex.

On l'a su ce matin, par radio, par télex,
Ils l'ont à la télé confirmé en duplex :
Cette fois, c'est au point ! Ils bombent le thorax :
François, Cécile, enfin, ont paraphé leur… pacs.

6 novembre 2011

N° 66              Nosocomique


J'entends à la radio que le pauvre Jacques Chirac montrerait des signes d'anosognosie. Plus personne ne l'ignore aujourd'hui, un anosognosique est tout le contraire d'un malade imaginaire : c'est un type qui ne se rend même pas compte qu'il est mal en point. Sans sombrer dans la nosophobie, cela signifie que chacun d'entre nous (évidemment à l'insu de son plein gré…) est peut-être bien anosognosique. Je vous engage d'ailleurs à considérer comme un symptôme alarmant votre habitude de répondre à la légère : "Ca va bien, et vous ?" quand on s'enquiert de votre santé. Elle révèle une candeur béate, une insouciance puérile, une inconscience candide des déconvenues qui vous guettent, tout à fait caractéristiques de l'anosodiaphorie [1] !

Si je m'en remets aux experts du www [2] il existerait même une anosognosie très singulière, connue sous le nom d'hémiasomatognosie, dont la victime se désintéresse de toute une moitié de son corps. Le plus souvent le malheureux n'a plus le contrôle de ses membres du côté gauche et s'en fout royalement. Mais peut-on exclure que soit également hémiasomatognosique tel ou tel individu [3] affligé de pulsions lubriques qui le porteraient à se ruer sauvagement sur le premier jupon venu ? Fâcheusement inconscient des faits et gestes de ses membres inférieurs situés au dessous de sa ceinture (à supposer qu'il l'ait gardée) il ne saurait, convenons-en, en être tenu pour responsable…

Mais non content de dédaigner un flanc de son corps, un héminégligent ne se donne parfois la peine [4] que de voir la moitié des choses : il ne lit que les pages droites de son livre, ne mange que ce qui est servi sur la droite de son assiette, n'évite que le chambranle droit des portes, et percute lourdement le gauche… Aussi, constatant que le mal frappe ici un ancien président, là un ex-prétendant, il me vient une inquiétude pour celui qui est encore en place. Et qui a loupé l'ouverture du gouvernement en laissant les membres venus de gauche sur le carreau... Qui n'a retenu dans l'assiette de l'impôt que ce qui peut être bon à droite… Qui n'a trouvé d'électeurs à séduire qu'à l'extrême-droite… La nosicolasarcosie serait-elle une variante de l'anosognosie galopante ?


[1] Passage d'un état d'indifférence euphorique à un état pathologique sérieux (Lexis Larousse).
[2] Cf. par exemple : http://www.psychoweb.fr/articles/neuropsychologie/104-anosognosie-et-meta-conscience-de-soi.html
[3] Fût-il effémi-né…
[4] A son corps défendant, bien sûr…