4 septembre 2021

Quatre chansons


J'entends à la radio que, si la Camarde n'avait pas eu trop tôt raison de lui, on fêterait le mois prochain les cent ans de Tonton Georges... Pour les plus jeunes, bien sûr, ses chansons sont d'une autre époque. Il avait d'ailleurs ressenti lui-même le besoin de rafraichir de vieilles comptines quand il avait réécrit la Route de Dijon, le Pont d'Avignon, les Prisons de Nantes et Auprès de ma blonde dans sa Route aux quatre chansons. En ce moment les choses changent vite, très vite... Aussi j'espère qu'on ne m'en voudra pas trop de tenter déjà de la mettre à jour* ?

J'ai pris la route de Dijon
Pour aller voir si Marjolaine
Rançonne toujours les pigeons
Qui ne la trouvent pas vilaine
Mais elle avait haussé le ton
Et m'a traité de vieux jeton
   En moquant ma dégaine
   Mon crâne, ma bedaine...
Elle m'a dit : "Pour toi, chéri,
J'ai du QR code à bon prix
   A cent sacs la douzaine
   La promo de la s'maine !"

La Marjolaine n'est en pleur
Que si l'on a eu deux pfizers
La Marjolain' de ma chanson
A de frauduleuses façons...

J'ai poussé jusqu'en Avignon
Voir si les jeunes gens qui dansent 
Prennent les bonnes précautions
Et se dandinent à distance
Mais ils avaient monté le son
Et tout en guinchant sur le pont
   Se foutaient d'évidence
   Des lois, des ordonnances.
Ces bambochards m'ont dit ceci :
"Collabo, dégage d'ici
   Et si tu nous mouchardes
   Fais gaffe à toi, prends garde !"

Comme aucun n'était vacciné
J'ai préféré me débiner
Les messieurs-dam's de ma chanson
Ont de belliqueuses façons...

J'ai rendu visite aux taulards
Des terribles prisons de Nantes
Pour savoir s'ils ont du mitard
Rêvé de prendre la tangente
Mais ils m'ont pris pour un maton
Et m'ont répondu : "Pourquoi donc ?
   S'il faut montrer un passe
   Partout, ça nous les casse !
C'est la geôlière qui l'a lu :
La liberté n'existe plus
   L'avenir est trop sombre
   On veut rester à l'ombre."

La geôlière leur a fait peur
Avec ce qu'ell' lit sur twitter
La geôlière de ma chanson
A de pernicieuses façons...

Samedi je voulais enfin
Rentrer dormir près de ma blonde
Mais je dus rebrousser chemin
Tant il y défilait de monde...
Les banderoles en coton
Et les pancartes en carton
   Prêchaient la dissidence
   Le choix, la résistance.
J'ai fui les parents paranos
Les QAnons et les fachos
   Les anars, les bigotes,
   Les frondeurs sans-culottes.
Qu'ils aient la trouille qu'on les pique
Ou fassent de la politique
Ils m'ont de fâcheuse façon
Privé d'un tendre roupillon...

 

*Avec en prime un enregistrement maison () sur https://youtu.be/JUCMlxFhOds et, quand même, la version originale de Georges Brassens (😊) sur https://www.youtube.com/watch?v=Unc_W4qBZfE !