19 novembre 2014

N° 132 - Spatial assistance

Je n'entends plus à la radio beaucoup parler de Philae, ni de la comète Tchourioumov-Guérassimenko… Notre brave petit robot a chaviré dans un creux où le soleil ne peut l'atteindre ni recharger ses batteries. Il s'est engourdi, seul et épuisé, dans ce recoin sombre et glacial… Il reste une chance, une petite chance : quelqu'un peut l'aider, qu'il faut essayer de joindre à tout prix. Aussi compté-je (sic) sur chacun pour relayer et diffuser largement ce message, par tous les moyens possibles. Merci pour lui !



   Cher petit prince,

   Voilà bien soixante-dix ans que tu es retourné chez toi. Mais j'imagine que tu n'as pas vieilli puisque le temps, parait-il, s'écoule lentement quand on voyage d'une étoile à l'autre. Ne me demande pas pourquoi (même si je sais que tu ne renonces jamais à une question) : je ne saurais l'expliquer. C'est une chose que j'ai entendu dire au cinéma. Ah, le cinéma ? En deux mots ce sont des images, des dessins qui bougent, plus beaux encore que ceux de l'aviateur naufragé que tu avais rencontré sur la Terre, au milieu du désert.
   Petit prince, je t'écris pour te demander un service, sans trop savoir comment te faire parvenir ma lettre. J'en déposerai une copie au bord de l'étang, dans l'espoir qu'elle profite, elle aussi, d'une migration d'oiseaux sauvages ?

   Quand tu es venu, tu n'as vu qu'un seul homme ; mais tu as compris que nous sommes très nombreux sur Terre ! Il y a de plus en plus de petits rois autoritaires et de businessmen vaniteux, qui laissent de moins en moins de place aux fleurs et aux papillons. Il y a aussi beaucoup de géographes, qui savent maintenant où se trouvent toutes les rivières, toutes les mers, toutes les montagnes de la Terre. Au point qu'ils ont commencé à noter celles des autres planètes. Mais pour ça, tu le sais, ils ont besoin d'explorateurs. Et les businessmen aussi comptent sur les explorateurs, pour découvrir toujours des nouveaux trésors. Alors ils ont fourni aux ingénieurs de quoi construire une sorte d'avion qui puisse voler très longtemps, aller très loin sans tomber en panne, sans même un pilote à son bord.

   Il s'est envolé il y a dix ans, vers chez toi, vers les astéroïdes B 612, 325, 326, etc. Les ingénieurs l'ont appelé Rosetta, qui signifie petite rose. Peut-être pour saluer la tienne au passage ? Parfois, les ingénieurs sont comme ça… Les géographes, eux, veulent tout savoir d'une comète glacée qu'ils appellent Tchouri. Alors Rosetta, en tournant autour, y a fait descendre un petit robot, baptisé Philae. Il est à peu près gros comme ta caisse à mouton et il a trois pattes (c'est Philae qui a trois pattes). Je ne te dessinerai pas le robot, c'est un dessin beaucoup trop compliqué pour moi. Mais Tchouri n'est pas toute ronde comme ta planète. Elle est difforme et biscornue, pleine de bosses, et le pauvre Philae a trébuché en arrivant. Il est tellement de travers qu'il ne peut faire tout ce que réclament les géographes. 
   
   Pourrais-tu, s'il te plait, y faire un saut et le remettre sur pieds, dans un endroit où le soleil le réchauffe et lui redonne des forces ? Tu le verras alors remuer ses antennes, enfoncer des petites tiges dans le sol, diriger tout autour de lui des rayons de lumière et reprendre son travail d'explorateur. Ne crains rien, il ne te fera aucun mal.

   Petit prince, si tu le peux, ne tarde pas. Ne t'attarde pas non plus auprès de Philae. Dans quelques mois la comète s'approchera du soleil. Avant qu'elle ne commence à se boursoufler, à fumer, à se faire des cheveux, rentre vite t'occuper de ta rose. C'est le plus important, même s'il lui arrive de se montrer capricieuse et décevante (chez nous, on nous avait annoncé il y a deux ans une nouvelle variété, belle comme un printemps ; pour le moment nous en avons surtout vu les épines)…

 Encore un mot, petit prince. Si tu réussis à dépanner Philae, notre explorateur-en-chef du système solaire, M. Francis Rocard, sera comblé. La comète-iceberg Tchouri le passionne. D'autant plus que son père, Michel, qui fut premier ministre, est aujourd'hui notre ambassadeur aux deux Pôles. Où, tu t'en souviens, les allumeurs de réverbère mènent des vies d'oisiveté et de nonchalance, car ils ne travaillent que deux fois par an…


12 novembre 2014

N° 131 - Les guignolets de l'info

Avant-propos : Les "mots parallèles" sont rarement sérieux… Celui-ci peut sans doute être appelé une "pochade". En effet, d'après wikipédia, "en littérature (sic) ce terme s'emploie pour qualifier une œuvre en général burlesque, brève et écrite rapidement. Il semble être attesté en premier en 1800 avec ce sens qui le rattache à pochard et poissard, personnages vulgaires et burlesques du vaudeville". A la bonne vôtre !

J'ai entendu à la télé Monsieur Hollande se vanter d'avoir longtemps fait la tournée de tous les bistrots*. Et j'ai vu s'illuminer l'œil du journaliste qui l'interrogeait... [Bon Dieu, mais c'est bien sûr ! Coco, tu sais ce qu'on va faire la prochaine fois ? Pour qu'il rencontre les vrais gens, qu'il leur cause, comme ça, nature, décontract' ? Ecoute Coco : on le suit au bistrot, n'importe où. Il s'installe au comptoir. Il commande un petit blanc. Il trinque avec le patron. Des clients s'approchent. Vas-y, Coco : moteur !]

- Alors ça, Monsieur le Président, c'est une sacrée surprise !
- Bonjour, bonjour à tous. Vous savez, c'est une idée de TF1. Ils m'ont dit : "Il faut que vous preniez de la hauteur". Alors voilà, vous êtes "en direct du zinc présidentiel" !
- Vous reprendrez bien un kir, Monsieur Hollande ?
- Oui, merci. Mais pas royal, hein !
- Dommage... Parce que, moi, je vous l'aurais fait avec une roteuse de Hautvillers…
- Non, non ! Pas l'autre Weiler non plus. Et pendant que j'y suis, s'il vous plait, pas de sherry, pas de malaga, non pas de mal à Ga… Bon, alors, de quoi on parle ?
- Bah, Monsieur le Président, vous savez, dans le petit commerce, on étouffe : impôts par ci, impôts par là…
- Alors commençons comme ça. Va pour un pot, c'est ma tournée !
- Tchin, mon Président. Moi, c'est Marcel. Y a dix piges que je serche un goulot, alors je fais brève au comptoir !
- A la vôtre Marcel ! Un boulot, voilà, voilà ce qui importe aux Français. Tiens… un porto français, vous auriez ça, patron ?
- Dites, M'sieur Hollande, avez-vous envie de vous taper deux quinquennats ?
- Oh là, attendez, on n'en est pas là !... J'ai d'abord un quinquina à finir, vous savez…
- Vous en êtes où, Monsieur le Président, avec la GPA, les curés, tout ça ?...
- Ah, la GPA… Moi j'ai PS, ça me suffit. Avec les curés je peux m'entendre, sur saint-raphaël, cinzano…
- S'il vous plait, est-ce que vous avez parlé à Obama ? Parce que vous êtes plutôt mal tous les deux, à mi-mandat...
- J'y pense… Mais je vais commencer par l'ambassadeur. Then, the americano, bah, ma foi, quand il sera à 29° de safistaction, comme moi, tout en bas, rac et ric, hein, on verra…
- Oui, mais pendant ce temps là Merkel et Bruxelles nous mettent la pression !
- Là, je dis pas, oui, je reprendrais bien une pression… Eh, patron, allemande ou belge, c'est égal.
- M'sieur Hollande, les portiques de l'écotaxe, en Bretagne, on va vraiment les démonter ?
- Ah, oui, ça c'est fini les tocasques, euh, les motocasques, c'est fini. Franchement, j'en ai ras la bolée dubonnet rouge !
- Et vous seriez d'accord pour qu'on ne paie plus l'autoroute, le dimanche, pour aller en Normandie ?
- Euh, ça c'est plus dilécat. Resséflichez un peu : l'aller, ça va, mais au retour, le campari gratuit, bonjour les dégâts!
- A part ça votre courbe du chômage, elle va s'inverser quand ?
- Là, je vais vous dire, faut pas croire au pernod, au pernod, au père noël. Mais, whisky est vrai, oui ce qui est vrai, dès que je dis un mojito, un mot au JT, tout le monde ricard, euh, rit car je me suis vraiment planteur, euh, planté. Je reconnais, c'est de byrrh en byrrh... Je suis vraiment dans la mousse caipirinha, non, une mouscaille pire, il n'y a pas...
- Alors, vous allez mettre qui au gouvernement ? Martine Aubry ?
- Ça va pas, non ? Broc martini ? Un broc, là, t'éjagères… Mais téquila, hein, téquila pour me sortir des trucs pareils ? Tu serais pas la vodka du diable ? Patron, siouplait, donnez-moi un grand verre d'eau.
- Tout de suite, Monsieur le Président. Vous avez une préférence ? Badoit, perrier, eau de Vals ?
- …..
Merde, il est tombé ! Arrête, Coco, coupe. Appelle la prod. On a peut-être fait une connerie…