17 mai 2013

N° 103 - Non, mes allocs, quoi... (1)


      J'entends à la radio que les allocs, c'est décidé, vont diminuer pour les ménages dont les revenus dépassent cinq mille euros par mois. La réduction sera bien entendu d'autant plus importante que ce revenu sera plus élevé. Il ne manque pas d'experts dans les cabinets ministériels compétents pour mettre au point une équation paramétrée donnant (inspirez...) le montant de l'allocation Q en fonction du revenu R, du nombre N d'enfants, de l'âge AN de chacun d'eux, du caractère mono ou poly-parental, figuré par un nombre entier de 1 à x, du foyer où ils sont élevés (le terme "ménage" n'étant pas toujours adéquat) d'un facteur a tenant compte s'il y a lieu des gardes alternées au prorata de leurs durées estimées sur une base annuelle, d'un coefficient d'actualisation l = Q/Q0 = IPC/IPC0, où Q0 est le montant calculé à la date de la publication du décret d'application et IPC0 et IPC sont les valeurs de l'indice des prix à la consommation sans tabac respectivement à cette date de référence et à celle du versement de la dite allocation, la fonction Q = f(R) étant représentée par une courbe constituée d'un palier pour les valeurs de R variant de 0 à lx5000 puis d'une branche décroissante et convexe admettant comme asymptote la droite d'expression Q = 0 quand Rॠ (soufflez...). Personne ne contestera l'équité d'une telle mesure.

      Non plus que celle qui pourrait nous permettre bientôt, comme la radio l'a également annoncé, de bénéficier chez le pharmacien d'un prix de vente de nos médicaments ajusté au niveau de nos revenus (2). Tout cela va à l'évidence dans le bon sens de la justice sociale.

      Tout comme cette initiative d'un garagiste solidaire de Montchanin, en Saône et Loire, qui facture ses réparations non pas selon la cote argus de la voiture mais, bien plus simplement, selon ce qui reste à ses clients en fin de mois une fois qu'ils ont réglé toutes leurs autres charges et dépenses (3).

      La commodité et le bien-fondé de cette façon de faire sont tellement flagrants qu'elle ne tardera pas à se généraliser. Il suffira d'avoir sur soi un duplicata certifié conforme de ses quittances de loyer, de gaz, de téléphone et d'électricité, de ses avis d'imposition (IRPP, taxe d'habitation, taxe locale et éventuellement ISF) et de ses relevés bancaires et bulletins de salaire, ou de pension, le tout des cinq dernières années, pour négocier directement avec la caissière du supermarché son tarif personnalisé pour trois paquets de coquillettes Berluzani, dont un gratuit, ou pour un pack de six yaourts brassés nature goût moldave.

      Certains esprits aux réflexes primaires et jacobins jugeront peut-être qu'il s'agit là d'expédients et de palliatifs qui seraient superflus si les revenus de toute nature étaient suffisamment et également taxés et les évadés fiscaux efficacement traqués et dénichés… Mais, comme disaient les Shadoks, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?


2 mai 2013

N° 102 - Au printemps, au printemps…


J'entends à la radio que nous n'avons plus à craindre que les abeilles butineuses de colza et de tournesol deviennent accros à la nicotine*. Ni, qu'ayant pris goût au gaucho, celles qui survivent et retrouvent le chemin de la ruche nous mijotent un miel au délicat parfum, ou fumet, de mégot.

Mais ce n'est qu'un début, continuons le combat. Car notre teneur individuelle moyenne en pesticides, insecticides, larvicides et autres molluscicides est au moins double de celle de nos voisins européens**. Nous sommes, bien plus qu'eux, imbibés des herbicides et des fongicides dont nos allées et jardinières sont aspergées, imprégnés des arachnicides et acaricides vaporisés dans nos encoignures et nos plumards, gorgés des bactéricides et microbicides pschittés dans nos toilettes. Sans que cela nous épargne d'être gazés, comme dirait Mme Boutin, puisque nous inhalons chaque jour douze mètres cubes d'air vicié, saturé de solvants et de formol, chargé de rognures de plastique et de colle de moquette. Ce que nous trimballons dans nos vaisseaux, nos bronches et nos entrailles tient ni plus ni moins de l'effluent et du dépotoir. C'est pire encore, bien sûr, pour les malheureuses dont les seins pipés au methylpolysiloxane laissent suinter et percoler lentement à l'intérieur d'elles-mêmes ce liquide huileux destiné d'ordinaire à faciliter l'étalement de la peinture.

A propos, un qui se serait bien passé d'étaler des peintures sur la place publique et de parler d'écouler du liquide à l'Intérieur, c'est M. Guéant. Sans aller jusqu'à noircir les tableaux en imaginant un blanchiment, on peut remarquer que, l'air de rien, il a réussi à mouiller Hollande en dévoilant qui était le peintre, et la Marine en décrivant le sujet des toiles. Chapeau l'artiste…