25 septembre 2016

N° 170 - Primaire



J'entends à la radio qu'il faut encore que je vérifie qui sont mes ancêtres ? L'ennui, c'est que ça fait du monde... Voyons : je conserve de mon mieux un petit arbre généalogique, taillé par un oncle, greffé par une tante. Mais il est plus modeste qu'un bonzaï : un seul rameau atteint le XVIIeme. Il faut chercher la réponse ailleurs. J'ai, comme tout un chacun, deux parents, quatre grands-parents, huit arrière-grands-parents et ainsi de suite (si l'expression se prête à remonter le temps). Comptons en moyenne vingt-cinq ans d'intervalle entre générations. Quatre-vingt couches d'aïeux me séparent donc de la pâtée de Vercingétorix à Alésia. Rien qu'à cette époque -le calcul est simple- cela me fait 280, disons un million de milliards de milliards d'ancêtres, à un poil près. Alors qu'il n'y avait pas vingt millions de Gaulois, même en comptant les Belges ? Sarkozix a raison : le climat, on s'en fout ; le vrai problème, c'est la démographie ! Au point que je n'ose estimer combien j'avais d'arrière-arrière-etc... papis et mamies du temps d'Adam et Eve. En dehors d'eux, je ne vois même pas qui ça pourrait être, à part des gorilles et des bonobos.

Il y a quelque chose qui cloche... D'abord, je ne me fais pas d'illusions : dans les villages où j'ai des racines il a dû arriver qu'un brave gars épouse, à son insu, une cousine très éloignée. Et que, du coup, quelques siècles plus tôt, un ancêtre fasse rétroactivement double emploi, en tout bien tout honneur. Mais cela n'explique pas tout : si je n'avais eu pour ascendants que vingt millions de Gaulois il y a deux mille ans, cette consanguinité me vaudrait une tronche de dégénéré ! Heureusement d'autres moustachus, arrivés en drakkar, s'en sont mêlés dans les années 8 ou 900. Puis ces vaillants Normands, non contents d'avoir mâté les Anglais, sont allés régner sur la Sicile. Bien sûr, ils en ont ramené quelques belles Italiotes. D'ailleurs ma maman, bien que Cauchoise, portait un nom venu du sud de la Calabre. Quand on sait que les Grecs, les Romains, les Arabes, les Normands et tant d'autres se sont croisés là-bas depuis l'antiquité, on peut tout imaginer...

Me voilà rassuré sur mon pedigree : je suis Français depuis un sacré bail mais, par Toutatis, mes ancêtres ne sont pas seulement Gaulois... Ça, c'est une veine !




Et en prime, pour rigoler (à la Salvador) sur un air de cha-cha-cha :

     Faut rigoler, faut rigoler
     Avant qu'le ciel nous tomb' sur la tête
     Faut rigoler, faut rigoler
     Pour empêcher le ciel de tomber.

Nos ancêtres les Gaulois
Ne savaient pas autrefois
Qu'ils nous donneraient le droit
De pointer l'étranger du doigt :

     "T'es Congolais, mais pas Gaulois
     Prends ta valis', tes cliqu's, tes claquettes.
     T'es de Ouargla, mais pas Gaulois
     Retourne au bled, fissa, sans broncher".

Nos ancêtres les Gaulois
C'est bon pour la pêche aux voix
C'est un argument de choix
Pour remonter sur le pavois.

     Sans fignoler, sans chipoter
     Pour Nicolas c'est une recette :
     Sans fignoler, sans mégoter
     Les voix d' Marine il veut les pomper...





8 septembre 2016

N° 169 - CQFD



J'entends à la radio qu'on expérimente à Lyon des petits minibus sans chauffeur1. Un promoteur de la chose expose doctement que les accidents de la circulation sont dus essentiellement à des erreurs humaines. Pour en réduire le nombre, il suffit donc, c'est évident, de supprimer le conducteur ! Les beaux esprits persiffleurs ne verront là qu'un nouvel avatar du principe de précaution, sinon une... connerie, en insinuant que ce n'est pas incompatible. 

Pour ma part j'y trouve plutôt un bel exemple de sophisme2. A ceux qui auraient négligé d'écouter leur prof de philo, disons – en employant d'autres mots que wikipedia - que c'est une façon d'entuber son auditoire en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes. Je crois même identifier (les logiciens me corrigeront si je me fourvoie) un sophisme de la "cause unique" : celui où le rhéteur sélectionne la seule hypothèse qui lui permette de démontrer ce qui l'arrange. Car vous pensez bien que notre expert ès-navettes sait que la somnolence, l'ébriété et la téléphonite, même conjuguées, ne sont pas des conditions nécessaires ni toujours suffisantes d'un accident. Il en connait bien d'autres. La preuve en est qu'il fait rouler sa papymobile automatique à vingt à l'heure, sur des espaces strictement piétonniers. Pourtant, sachant qu'en ville un tiers des victimes sont des quidams qui vont pedibus, il devrait, en bonne logique, leur interdire l'accès au parcours de son autonominibus. De plus, sachant que l'engin pile net dès qu'il capte le moindre frémissement à l'entour, ce qui peut inciter les passagers à sauter en marche, la sagesse voudrait qu'il roule à vide. La portée de l'essai s'en trouverait peut-être affectée mais il faut quand même faire preuve d'un minimum de cohérence.

A propos de conducteur, nous allons l'an prochain élire celle ou celui qui prendra les rênes du pays. Sachant que : 
  1/ nos derniers présidents, si longue que soit leur expérience, si variées et étendues qu'aient été leurs responsabilités d'élus, ne sont pas parvenus à résoudre toutes nos difficultés
 2/nous risquons, si beaucoup d'électeurs se laissent abuser par la sophistique, d'avoir in fine à choisir entre :
      a) d'un côté une imprécatrice qui n'a jamais rien administré mais prône de faire le vide et de tout reprendre à zéro,
      b) de l'autre un jeune présomptueux qui ne se réclame d'aucun camp et n'a jamais encore été élu,
Question : A tout prendre, ne vaudrait-il pas mieux essayer le pilotage automatique ?




2 Du grec sophisma, dérivé de sophia, la sagesse (?)