8 septembre 2016

N° 169 - CQFD



J'entends à la radio qu'on expérimente à Lyon des petits minibus sans chauffeur1. Un promoteur de la chose expose doctement que les accidents de la circulation sont dus essentiellement à des erreurs humaines. Pour en réduire le nombre, il suffit donc, c'est évident, de supprimer le conducteur ! Les beaux esprits persiffleurs ne verront là qu'un nouvel avatar du principe de précaution, sinon une... connerie, en insinuant que ce n'est pas incompatible. 

Pour ma part j'y trouve plutôt un bel exemple de sophisme2. A ceux qui auraient négligé d'écouter leur prof de philo, disons – en employant d'autres mots que wikipedia - que c'est une façon d'entuber son auditoire en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes. Je crois même identifier (les logiciens me corrigeront si je me fourvoie) un sophisme de la "cause unique" : celui où le rhéteur sélectionne la seule hypothèse qui lui permette de démontrer ce qui l'arrange. Car vous pensez bien que notre expert ès-navettes sait que la somnolence, l'ébriété et la téléphonite, même conjuguées, ne sont pas des conditions nécessaires ni toujours suffisantes d'un accident. Il en connait bien d'autres. La preuve en est qu'il fait rouler sa papymobile automatique à vingt à l'heure, sur des espaces strictement piétonniers. Pourtant, sachant qu'en ville un tiers des victimes sont des quidams qui vont pedibus, il devrait, en bonne logique, leur interdire l'accès au parcours de son autonominibus. De plus, sachant que l'engin pile net dès qu'il capte le moindre frémissement à l'entour, ce qui peut inciter les passagers à sauter en marche, la sagesse voudrait qu'il roule à vide. La portée de l'essai s'en trouverait peut-être affectée mais il faut quand même faire preuve d'un minimum de cohérence.

A propos de conducteur, nous allons l'an prochain élire celle ou celui qui prendra les rênes du pays. Sachant que : 
  1/ nos derniers présidents, si longue que soit leur expérience, si variées et étendues qu'aient été leurs responsabilités d'élus, ne sont pas parvenus à résoudre toutes nos difficultés
 2/nous risquons, si beaucoup d'électeurs se laissent abuser par la sophistique, d'avoir in fine à choisir entre :
      a) d'un côté une imprécatrice qui n'a jamais rien administré mais prône de faire le vide et de tout reprendre à zéro,
      b) de l'autre un jeune présomptueux qui ne se réclame d'aucun camp et n'a jamais encore été élu,
Question : A tout prendre, ne vaudrait-il pas mieux essayer le pilotage automatique ?




2 Du grec sophisma, dérivé de sophia, la sagesse (?)


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