30 janvier 2017

N° 177 - Les métiers de Pénélope



Sur le modèle d'une fameuse chanson de Georges Brassens.


Toi l'épouse modèle, humble femme au foyer
Aux tâches du ménage à plein temps employée
Sans te soucier des horoscopes
Tu prenais comme il vient ton quota de bonheur
Sans jamais, non jamais rechercher les honneurs
Ni l'œil flatteur d'un caméscope
Toi la discrète Pénélope...

Dans ton petit village inconnu des curieux
Loin duquel officiait ton époux prestigieux
Allant de boutique en échoppe
Aimable avec chacun, prévenante et polie
Tu bourrais ton cabas de fruits, de brocolis
De rillettes et d'escalopes
C'était ta fonction, Pénélope...

Ton époux attentif au moindre de tes vœux
De peur qu'en ton castel tu ne t'ennuies un peu
Et t'adonnes aux psychotropes
Disait : "Après avoir bêché le potager
Pourrais-tu prendre soin des arbres du verger
Et de nos chevaux qui galopent ?"
C'était ton mandat, Pénélope...

Ton pieux époux et toi, vous fîtes des gamins

Que tu as aiguillés dedans le droit chemin
Leur barrant ceux où l'on s'éclope
A force de sermons répétés, rebattus
Tu leur as enseigné les sept grandes vertus
En priant qu'ils les développent
C'était ta mission, Pénélope...

Ne crains pas le courroux des Pères-la-Rigueur
Outrés qu'en fin de mois, une main sur le cœur,
Il t'ait glissé des enveloppes 
Dont l'obscur contenu, d'un montant substantiel,
N'avait peut-être aucun fondement officiel
Et paraisse même interlope :
Tu l'as bien gagné, Pénélope !





N'hésitez pas à essayer de chanter en vous aidant de la vidéo style karaoke accessible par https://youtu.be/CukkXM03ojs.

Si l'air ne vous dit rien, un détour par la version originale, par exemple https://www.youtube.com/watch?v=tDdnIFxSqWs est chaudement recommandé !












18 janvier 2017

N° 176 - L'expression de mes sentiments distingués




J'entends à la radio qu'écrire une belle carte de vœux au décor enneigé, puis la mettre sous enveloppe, passe maintenant pour des plus suranné. Tout est devenu électronique et virtuel. Aujourd'hui on courrielle, on publie un post, ou bien l'on passe par un système de message succinct. Vous qui êtes de mes disciples sur ce bloc-notes - grâce au protocole de transfert d'hypertexte sécurisé - vous le savez, je fais de mon mieux pour rester dans le coup. Sans me vanter, je crois me débrouiller à peu près, tant avec le matériel dur que le matériel mou. J'ai, au fil des années, ouvert mes fenêtres 7, 8, puis 10 sans trop de problèmes. Je suis plutôt à l'aise pour cheminer sur la toile d'araignée, même en fidélité sans fil. Certes, je n'ai pas encore créé ma page sur le livre des visages ni émis le moindre gazouillis sur mon élégant téléphone. Je dois aussi reconnaitre que je reste un peu embarrassé devant le dièse des étiquettes de hachis et la dent bleue de ma petite souris. Malgré cela - vous êtes nombreux à pouvoir en témoigner - je réussis à présenter mes vœux avec un point de puissance et à faire passer des images par le tu-tuyau.

Je me suis même astreint à m'initier au langage des messageries instantanées, comme "Quoi d'neuf". Et j'ai découvert avec quelle sensibilité, quelle délicatesse on peut, en sélectionnant avec soin quelques émoticônes et en se limitant à la quintessence du verbe, exprimer la variété des situations, l'intensité des émotions, la subtilité des états d'âme, cent fois mieux que des pages d'alexandrins ne parviendraient à le faire. Voyez plutôt l'exemple de ce vers fameux :


Je savoure aussi le raffinement qui permet d'émailler l'entretien, suivant le cas, d'un waouh joyeux ou d'un whoa admiratif. Si l'occasion s'en présente, j'éprouve une véritable jouissance à marquer mon étonnement par un woah surpris, ou mon ironie par un waow moqueur. La palette des nuances est sans limite : je fais mon miel d'une opportunité de placer ici un wow effaré, ou, au contraire, de glisser là un ouhaou consterné.

Et c'est ainsi ("Ah ! Que n'ai-je étudié plus tôt pour savoir tout cela !...") que je suis parvenu à un degré supérieur du langage, à un niveau qui me fait franchir la barrière des espèces puisqu'il ouvre enfin aux singes, à commencer par les babouins, la possibilité de communiquer avec moi. On vient en effet seulement de comprendre qu'ils produisent depuis toujours des vocalisations comparables aux voyelles et qu'ils les combinent aisément pour formuler toutes sortes de whaou, selon les circonstances*. "Ah ! Que cela est beau !..."
 



Lexique

Système de message succinct :      SMS
Disciples :                                           followers
Bloc-notes :                                        blog
Protocole de transfert d'hypertexte sécurisé :                 https
Matériel dur :                   hardware
Matériel mou :                 software
Fenêtres 10 :                     windows 10
Toile d'araignée :              web
Fidélité sans fil :                wireless fidelity (wifi)
Livre des visages :             facebook
Gazouillis :                          tweet
Elégant téléphone :          smartphone
Etiquette de hachis :        hashtag (exemple : #mots//)
Dent bleue :                       bluetooth
Point de puissance :         powerpoint
Tu-tuyau :                           Youtube
Quoi d'neuf  :                    what's up (WhatsApp)
Ah ! Que n'ai-je... :           Le bourgeois gentilhomme (Acte II, scène 5)