15 août 2015

N° 149 - Fable économique


J'entends à la radio M. Sapin*. C'est vendredi, c'est le weekend de la mi-août, tout le monde est en vacances... Tout le monde, sauf M. Sapin. M. Sapin ne prend pas de vacances. M. Sapin fait beaucoup, beaucoup d'heures supplémentaires. Il a encore passé des jours et des nuits à discuter du prêt que l'Eurogroupe consent à la Grèce pour qu'elle rembourse à la BCE l'argent emprunté pour rembourser au FMI l'argent emprunté pour...

M. Sapin est fatigué.

Pourtant M. Sapin se lève de bon matin pour aller parler à la radio. Il a une bonne nouvelle à commenter. Elle barre la une des journaux. Au second trimestre la croissance a été nulle. Nulle : zéro pour cent. Mais cela ne décourage pas M. Sapin. Celle du premier trimestre était de 0.7%. Donc, tout va bien. 0.7%, cela reste 0.7%. Ce n'est pas très clair... M. Sapin explique : si votre fils a eu 15 en maths au premier trimestre et encore 15 au second, il n'a fait aucun progrès : croissance zéro ! Mais c'est toujours un bon élève. Oui, bien sûr. Mais, nous, qui avons eu 0.7% au 1er trimestre puis 0% au second ? Pardon, ça, ça n'est pas une note. Ah ?... La note, c'est le PIB. Et le PIB, ça se regarde sur l'année. Croissance zéro au second trimestre, nous sommes sur la bonne voie, ça se confirme. Euh...

Maintenant, c'est moi qui me sens un peu las... Le vendredi, d'habitude, sur France-Inter, j’écoute François Morel. Je le trouve meilleur que M. Sapin. Je m'ennuie de François Morel... Pourquoi les humoristes partent-ils aussi longtemps en vacances ? Aussi longtemps que les communicants de Bercy...




* M. Sapin, tu sais qui c'est, Marinette ? Et toi, Pamphile ? C'est notre Ministre des Finances, voyons !

1 août 2015

N° 148 - Fable cosmogonique


Après les "jeux d'été", place aux devoirs de vacances ! Au programme un peu de cosmographie, mais... sous forme de fable. Ceux (comme Marinette ou Pamphile ?) qui n'auraient rien entendu à la radio sur l'exo-planète Kepler 452b pourront commencer par se documenter sur la toile : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kepler-452_b



Jupiter dit un jour : "Tous les peuples du monde,
S'ils persistent à croître et se multiplier,
Seront fort à l'étroit sur la planète ronde."
Avant que des plaignants n'accourent à ses pieds
Il fait venir les astronomes.
Il clame, en leur montrant les cieux :
"J'en suis le créateur, l'horloger, l'économe !
Votre Terre est petite. Aussi j'entends, Messieurs,
Vous donner une autre planète
Que vous pourrez coloniser.
Choisissez l'astre ou la comète :
Libre à vous de l'organiser."


Le doyen des savants, de sagesse notoire,
S'avance et le salue : "Auguste Jupiter
Nous avons justement, de nos observatoires,
Trouvé à notre Terre une sœur : c'est Kepler.
Mêmes taille et climat, même révolution :
Elle fait en un an le tour de son soleil
Qui par bien des aspects est au nôtre pareil."
Jupiter est ravi : "Voilà la solution !"
Mais le savant reprend : "Kepler est très lointaine...
Le Pharaon eût-il sur la dune égyptienne
Allumé de grands feux en guise de messages
Qu'eussent perçus là-bas des gens à notre image
Qu'on viendrait seulement d'obtenir leur réponse !
Couvrir un tel trajet demande à la lumière
Mille quatre cents ans ! Impensable... On renonce..."

Après cet exposé de vérités premières
Jupin subit encore une leçon fielleuse :
"La Terre et Kepler sont cousines :
Au sein de notre nébuleuse
Claire et lactée, elles voisinent.
Mais, si tu en es bien le père,
Tu dois savoir : cette galaxie est immense.
Deux cent vingt milliards de soleils à l'inventaire !
Tu n'as vraiment pas regardé à la dépense...

Pire, nous avons découvert
Que ta folie impétueuse
T'a fait semer dans l'univers
Cent milliards d'autres nébuleuses !
Aurais-tu fait cela pour nous
Que ce serait un gaspillage
Qui ne nous sert à rien du tout :
Nous n'y trouvons point d'avantage.
N'aurais-tu donc pas réfléchi
Avant de claquer dans l'affaire
Tant d'énergie ? Ah, quel gâchis
Quand nous manquons du nécessaire..."


Là, Jupiter se fâche et fait tonner la foudre.
Les sages avec lui se gardent d'en découdre.
Descendant de l'Olympe ils se disent entre eux :
"Le dieu que nous avons installé sur ce mont
N'est pas à la hauteur. Il en faudrait un bon,
Compétent, à la mode, et qui soit plus sérieux..."
Mais un importun les accoste :
"Et si vous supprimiez son poste ?"