27 février 2019

N° 215 - Pura vida !



J'entends à la radio ce matin... mais, excuse-moi, tu sais qu'on revient du Costa Rica ? Alors, avec le décalage horaire, la nuit vient-elle de se lever ou le jour de tomber, est-ce le matin, je n'en sais trop rien. En tout cas (je n'en crois pas ma meilleure oreille !) la radio parle justement du Costa Rica. Il parait que c'est la panique là-bas à cause... de touristes français ! Quoi ? Mais on n'a rien fait, nous, tout s'est bien passé ! On n'a pas eu de problème pour reprendre l'avion à San José. Le préposé aux passeports m'a rendu le mien avec un vibrant "Pura vida !" comme d'habitude1

Non mais, c'est pas vrai ? Ce qu'on leur reproche à ces touristes, c'est une éruption ? Eh, faudrait pas nous mettre n'importe quoi sur le dos, amigos ! En ce moment il y a cinq volcans très actifs au Costa Rica et des dizaines qui sont éteints ou en veilleuse. On ne provoque tout de même pas une éruption en prenant un cratère en photo... On n'y est pour rien, nous, si ce pays a le cul entre trois chaises de plaques tectoniques !

Ah, pardon : il s'agit d'une éruption... de rougeole. D'un môme français pas vacciné. Ses parents étaient vaguement au courant d'un cas ou deux à la maternelle. "Dites, on n'allait quand même pas annuler nos vacances pour ça... Et puis les vaccins, après Roseline Bachelot, big pharma, tout ça, on se méfie !" Seulement, les Costaricains ne plaisantent pas sur ce sujet. Bellanger - le chroniqueur d'Inter - le reconnait, ils ont des excuses : il y a cinq cents ans les virus amenés par les conquistadors ont fait une hécatombe chez les Indiens ! Il n'a pas tort, Bellanger, de faire honte à ces Français inconscients (et au moins il se retient, lui, de blaguer sur la rougeole des peaux rouges)2.

Mais il est gonflé d'en profiter pour se moquer de ses compatriotes pour qui le Costa Rica serait
"la destination chic, écolo et de gauche du moment" !
Chic ? Vas-y voir, eh, Bellanger. Va voir ces petites bicoques précaires, juste faites pour tenir debout jusqu'au prochain tremblement de terre. Trouve donc un magasin de luxe au milieu de leurs boutiques en parpaings.
Ecolo ? Ca, si tu veux : il y a peu de choses à voir en dehors de la jungle, la faune, la flore, la nature quoi, mais elle vaut largement le voyage. Et, eux, ils la préservent et sont fidèles à la COP 21.
Mais de gauche ? C'est vrai qu'au Costa Rica il y a peu de chômeurs, pas de trop riches ni de trop pauvres, il n'y a pas d'armée et ils sont premiers à l'indice de la planète heureuse3. Mais ça, le touriste ne le voit pas : il le lit dans les guides.

Un truc quand même. Quand il visite le village des indiens Maleku et qu'on lui propose de tirer à l'arc, un touriste doit choisir de quelle main pincer la flèche. De mémoire de Maleku on n'en connait qu'un qui ait planté ses trois flèches dans le tronc qui sert de cible, plus une, avec l'arc du chef, en plein dans le mille. Ce champion est un gaucher... et c'est moi !
Tu as raison, Bellanger : le Costa Rica est une destination de gauche.





1   Les Costariciens (ou Ticos) emploient cette expression (la vie pure, la vraie vie) pour dire bonjour, au revoir, pour dire que tout est formidable, que tout est cool… C’est la façon de vivre des Ticos.