14 décembre 2017

N° 194 - Ragots et compagnie...


J'entends à la radio qu'il y a peut-être un souci avec le biocarburant. Le biocarburant, soyons clairs, ça n'est pas franchement bio. Si on l'appelle bio c'est uniquement parce qu'il est produit à partir de plantes, telles la betterave ou le chou-fleur. A peu près comme le pétrole, qui n'est jamais qu'un jus de feuilles mortes amassées à la pelle au temps des dinosaures. Mais aujourd'hui il y a un lézard : au Mecklembourg comme en Poméranie, et ailleurs, on cultive de plus en plus de maïs pour faire du carburant. Il pousse tellement vite, ce maïs, qu'on le soupçonne d'être un peu monsantisé. Bien sûr c'est très avantageux puisque dans ce maïs tout est bon : les feuilles, les tiges et les épis. C'est comme dans le cochon. Et justement, ce maïs, le cochon en raffole. Surtout le cochon sauvage. Le sanglier d'Europe, Sus scrofa Linnaeus, qu'il soit solitaire ou en harde, en fait des bâfrées. Vous avez surement déjà vu des cinéphiles s'installer avec un baquet de cinq litres de popcorn sur les genoux ? Eh bien ce n'est rien à côté de ce que peuvent engloutir un quartan, une laie ou même l'un de ses marcassins en livrée (qui ferait mieux de téter encore sa mère). Résultat : comme le maïs éthanolifère est boosté aux accélérateurs de croissance, celle du sanglier, donc son appétit et subséquemment sa vigueur procréatrice battent des records. Le sanglier pullule dans la campagne poméranienne.
Au point qu'il n'y trouve plus suffisamment de quoi subsister jusqu'à la saison nouvelle. Alors, sans se casser la hure (c'est librement que le sanglier polonais circule dans l'espace Schengen) il part avec sa compagnie faire un tour dans ses gagnages du Mecklembourg. Là il fouge dans les jardins à coup de boutoir, mulote dans les parcs et transforme les golfs en boutis. Il trottine en bande sur les boulevards, parcourt les autoroutes, fait le tour des stations-service par l'odeur alléché du sans-plomb à la polenta. Une harde a même chargé les baigneurs d'une plage de la Baltique (ça existe) pour leur chiper les chips tortillas du pique-nique.


Mais, j'y pense... le jour où il faudra déloger les zadistes de N-D des Landes, quoi qu'on décide après, ne serait-il pas plus efficace, moins risqué et plus écologique de les faire charger par des compagnies de sangliers plutôt que de CRS ? Il parait que les plus gros, les plus forts sont les Sus scrofae Attila (de Turquie, comme tous les costauds). Avec un nom pareil si, après avoir bouté tout le monde dehors, ils se mettaient à vermiller la plaine, l'herbe ne serait pas là d'y repousser. Les bulls de Vinci n'auraient plus grand-chose à faire pour créer la piste. En même temps... ce serait si bien labouré qu'on pourrait plutôt y planter des hectares de jatropha curcas, l'arbuste qui sert à faire du biokérosène. Et comme l'aéroport de Nantes ne serait pas bien loin...