30 avril 2016

N° 162 - Encombrants



J'entends à la radio des nouvelles fraiches. Il était temps, vraiment temps que je me mette à jour : cela fait des semaines que j'ai perdu le fil ! Bon, à première ouïe, pas grand-chose de neuf... Sans doute parce que "ça va mieux", à ce qu'on dit ? Je trouve même plutôt rassurant que le journal s'ouvre sur la dernière du maire de Béziers. Il va convoquer tous les cabots de sa commune, sans distinction de race, les bassets comme les molosses, les roquets et les caniches comme les dogues et les bichons. 

Une fois alignés à la queue-leu-leu dans la salle des mariages il va leur en faire baver un peu, pour mettre leur ADN en fiche. Comme ça, chaque fois qu'un malabar de la garde biterroise écrasera sous sa grolle un étron oublié sur le macadam, il lui suffira, un genou en terre, d'en aspirer soigneusement un petit échantillon dans sa pipette. Et le clebs indélicat sera promptement déniché, son maitre démasqué, confondu, vilipendé et mis à l'amende.

Laurent Fabius dirait peut-être que c'est encore une mauvaise réponse à une bonne question1. En tout cas Mme Hidalgo ne veut pas en entendre parler à Paris. Et pourtant, bon an mal an, les Médor, les Youki2 et autres Ouah-Ouah à leur mémère y laissent vingt tonnes de colombins sur le trottoir. C'est trop, sans aucun doute. Mais s'ils sont dans les trois-cent-mille, tous calculs faits ça n'est pas énorme : à peine soixante-dix grammes par tête, si l'on peut dire. Croyez-moi, les clébards de Saint-Germain sont manifestement mieux nourris. Ou alors leurs propriétaires ont beaucoup de mal à se baisser. L'âge peut-être... Quoi qu'il en soit ce n'est pas grand chose à côté des fumeurs. A Paris il doit y en avoir, grosso modo, deux fois plus que de toutous. Mais - c'est placardé sur les bennes - en un an ils balancent trois-cent-cinquante tonnes de mégots sur le bitume. Six-cents grammes par tête de pipe ! Ce n'est pas rien... Vous me direz que celui qui sort le chien pour griller une clope n'a que deux mains et qu'il est bien obligé de choisir. Sinon il met le feu au distributeur de doggy-bags (enfin, un mot de ce genre). C'est comme ça : on épargne son épagneul sans mégoter sur les seiches...

Avec tout ça vous comprenez  que les agents de la voirie chargés du ramassage ne manquent pas de boulot. Sans compter qu'il faut maintenant qu'ils donnent aussi, de temps en temps, un coup de main pour nettoyer vite fait autour des bivouacs de migrants. Comme sous le viaduc du métro Stalingrad3, où ils étaient encore avant-hier un millier à camper, en attendant. En attendant d'être enfin reçus pour déposer une demande d'asile. En attendant un peu plus que des cendriers et des sanisettes : un toit, un vrai toit4.



2 Profitez-en pour réécouter Richard Gotainer : https://www.youtube.com/watch?v=Wx7vKvQ4axQ
4 N'hésitez pas à vous procurer et distribuer autour de vous le petit livre de Daniel Pennac :"Eux c'est nous" (3 €, reversés à la Cimade).