J'entends à la radio que le pape François… (oui, François, comme
François d'Assise ; étonnant, non, que celui-là n'ait pas eu plus tôt sa place
au… Saint-Siège ?). J'entends hier que, fidèle à la tradition du jeudi-saint, le
pape François s'est rendu dans un hospice, pour y laver cette fois les pieds
d'une douzaine de pauvres gens, malades ou handicapés. Peut-être avaient-ils eu à cœur, pour que
cela en vaille la peine, de ne porter depuis des semaines que les sandales du
Poverello? Ou bien est-ce tout penauds qu'ils ont ôté leurs grolles, en
s'excusant avec les mots de Félix Leclerc (oui, Félix, pas Michel-Edouard ; non
pas Potin : Leclerc, le Québécois !) :
Moi,
mes souliers ont beaucoup voyagé
Ils m´ont
porté de l´école à la guerre
J´ai
traversé sur mes souliers ferrés
Le monde et sa misère...
Ou bien les ont-ils gardées, méfiants, serrées entre leurs mains,
en se souvenant, avec Guy Béart:
Dans la neige y avait deux
souliers,
Dans la neige, qui étaient oubliés [...]
J´ai couru nu-pieds tant de
chemins,
J´ai
couru, je les prends dans ma main.
Je les
chauffe, ils sont encore froids,
Je les
chauffe en les gardant sur moi.
Ô
miracle, les petits souliers,
Ô
miracle, sont juste à mon pied !
Mais, le même jour, j'entends à la radio que, de temps à
autre, un virtuose de la brosse à reluire s'installait dans un salon aux lambris
dorés d'une annexe du palais pour y astiquer, lustrer, glacer les escarpins,
derbys, richelieus et mocassins d'un mirobolant conseiller de notre président.
Et là, je ressens comme un coup de pompe…
P.S. Autre titre possible : “Au culte, qui
se perd”... Une autre idée ?