14 décembre 2012

N° 95 - Sonnet' d'alarme

J'entends que ma radio s'en remet au zodiaque
Des Mayas ! Au dernier jour de leur almanach,
Vendredi vingt-et-un, un bang-big démoniaque
Ruinerait notre monde, excepté… Bugarach,

Modeste bourg audois, près d'un tout petit lac
Et d'un gros pic rocheux aux plissements foutraques ?
Des randonneurs hardis prétendraient tout à trac
Epier parfois là-haut des E.T. z'au bivouac ?

Ce seul bled sur la Terre épargné par le krach
Deviendrait un second Eden paradisiaque…
J'y vais, prudent, demain, louer une baraque.

Avant que tout s'écroule et que le monde craque
Aimeriez-vous sauver, Depardieu ? Cahuzac ?
Un magot ? Confiez le moi, jeudi, dans un sac.




9 décembre 2012

N° 94 - Steel nacht


J'entends à la radio que des matheux anglais, passionnés de trigonométrie sphérique appliquée aux surfaces coniques de révolution, ont établi les équations qui régissent l'harmonie de la décoration d'un arbre de Noël. D'après leurs calculs, la longueur nécessaire et suffisante de guirlandes est le produit de sa hauteur par 13p/8. Par ailleurs, le nombre optimal de boules est égal au vingtième de la taille du sapin multipliée par sa racine carrée de 17, la hauteur étant exprimée en centimètres (les grands-bretons qui s'obstineraient à tout mesurer avec leurs pouces de pieds obtiendraient un résultat décevant). Comme il y a peu de chances pour que ça tombe juste, mieux vaut arrondir au nombre entier le plus proche que de se briser les boules.

Sachons gré à ces chercheurs de consacrer leurs travaux aux problèmes quotidiens et cruciaux de leurs contemporains. Puisqu'ils appartiennent à l'Université de Sheffield, reconnaissons qu'on les imaginait, bien que cette ville en soit le berceau, plus portés sur les arcanes de la sidérurgie que sur ceux de la nativité. Et qu'on aurait plutôt attendu dans cet exercice les experts de la Bethlehem Steel Corporation, en Pennsylvanie. Mais, tous renseignements pris, ce qui reste de cette illustre compagnie se trouve maintenant dilué dans la société Mittal Steel.

Soudain on comprend mieux pourquoi, chez nous, les métallos ont les boules et le premier ministre se fait enguirlander, tandis que notre Sapin reste dans l'ombre ! Alors que les cheminées béantes des fourneaux éteints n'espèrent plus que le Père Noël... Et cela dans une vallée où les anges qui ont donné leurs noms aux moindres villages auraient sans doute volontiers entonné l'hymne… d'acier (oups…) ou chanté, par une belle nuit, une fois encore,

Tu ne connais pas, mais t'imagines
C'est vraiment magnifique une usine
C'est plein de couleurs et plein de cris
C'est plein d'étincelles, surtout la nuit…*


* Extrait de Fensch vallée, de Bernard Lavilliers.

6 décembre 2012


N° 93                    Vidéosurveillance

J'entends à la radio que des Geo Trouvetou bien de chez nous, plus créatifs encore que Gaston Lagaffe, ont inventé un nouveau casque à pointe. Une caméra miniature nichée dans sa protubérance filme à 360° tout ce qui se passe autour et le projette en panoramique sur des lunettes enchâssées dans l'engin.

Je vous laisse imaginer la touche du malheureux cobaye dont cette espèce de bourguignotte coiffe tout le caberlot, en laissant à peine émerger le bout de son nez. Il doit avancer dans la rue avec autant d'aisance et d'assurance qu'un scaphandrier déboussolé dans la soupe de la mer des Sargasses. Et pourtant rien ne lui échappe. Il voit aussi bien ce qui est derrière lui que ce qui est devant, ou à côté. Sa seule difficulté est de faire le tri. Il n'y a à peu près qu'en avançant qu'il peut comprendre où il va.

Tout cela n'est bien sûr qu'une affaire d'habitude et d'entrainement. Il est évident que cette prothèse va vite devenir indispensable à tout un chacun, à une époque où l'on ne fait plus confiance qu'à ses écrans (s'il vous arrive d'aller au musée, vous avez observé que bien des visiteurs y contemplent maintenant les tableaux sur leurs tablettes…). Le premier à avoir commandé un exemplaire de cet accoutrement est Monsieur Montebourg. Non qu'il veuille compléter sa panoplie et s'afficher désormais en morion-marinière-moulinette. Seulement, depuis que son directeur de cabinet a concocté avec Matignon l'accord que vous savez*, mais... dans son dos, il s'est juré, mais un peu tard, de l'avoir à l'œil.

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