27 décembre 2016

N° 175 - Un, deux, trois... soleil !




J'entends à la radio que Madame Royal a choisi le jour le plus court de l'année pour inaugurer une route solaire* ! A défaut de devenir présidente de notre république monarchique, Ségolène pourrait-elle en être la Reine Soleil ? Mais qu'elle ait choisi la Normandie pour cette innovation, vous n'imaginez pas le plaisir que cela me fait... Y a-t-il meilleure manière de démentir les légendes qui font de ce bel ancien duché le royaume des nuages et de la pluie ?

D'après "Une belle histoire"de Michel Fugain et Pierre Delanoë (1972).
Si tu as besoin de te remettre l'air et le rythme en tête, fais d'abord un tour 
sur https://www.youtube.com/watch?v=Vv_BvLmSBWg.
ou https://www.youtube.com/watch?v=AErazxVXkHw.

Ça pour les Normands, c'est une belle histoire
C'est leur récompense d'aujourd'hui
Vous pensiez : "Chez eux, là-haut, c'est le brouillard"
Et vous descendiez dans le midi, le midi...
Mais ils vont prouver qu'il est d'autres chemins
D'autres routes pour les vacances
Qu'en Normandie ils ont la chance
D'avoir le soleil en plus de l'air marin
Maintenant c'est une évidence 
Alors pourquoi vouloir aller plus loin ?

A travers la plaine entre les champs de blé
Ils vont déployer de longs rubans
De minces panneaux brillants et assemblés
Qui fourniront un flot de courant, de courant
Ils vont en coller partout sur les chemins
Sur les routes de nos vacances
Et nous aurons toujours la chance
Qu'un brulant soleil se lève le matin
Et donne leur pleine puissance
Aux panneaux de silice, c'est certain.

Il fera comment, ça c'est une autre histoire,
Les jours d'affluence où l'on conduit
A la queue leu leu, butoir contre butoir,
Si l'ombre en dessous les refroidit, refroidit ?
S'il est impensable que tout soit éteint
Les jours de départ en vacances
On roulera de préférence
En trottinette, en vélo ou en patins
Pour que les panneaux aient la chance
D'être par un rai de soleil atteints...

Il n'y aura chez eux plus jamais de brouillard
De raison d'aller là-bas dans le midi
Oui pour les Normands, c'est une belle histoire
Une invraisemblance d'aujourd'hui...


http://www.lepoint.fr/automobile/innovations/normandie-inauguration-de-la-premiere-route-solaire-du-monde-22-12-2016-2092375_652.php





5 décembre 2016

N° 174 - Zoo logique




J'entends à la radio que M. Jardin est sur les rangs pour la présidentielle. Décidément, rien ne se passe comme prévu ! Il parait qu'aujourd'hui son mouvement citoyen refuse du monde. L'an dernier il disait qu'une candidature de sa part signifierait qu'il avait échoué... Echec ou pas, moi qui me flatte d'avoir prédit le succès de Fillon dès le premier débat et le forfait de Hollande depuis des semaines, je vous le dis tout net : attendez-vous à savoir1 que M. Jardin ne sera pas élu ! Son ardeur à liguer les gens qui font des choses, les "faizeux" comme il dit, n'est pas en cause. Le problème n'est pas là. Son handicap, c'est son slogan : bleu, blanc, zèbre.

Zèbre, ce n'est pas une couleur. On ne peut pas confectionner un drapeau bleu, blanc, zèbre. Les zébrures sont par nature aussi aléatoires et singulières que nos empreintes digitales. Faute de pouvoir en définir la charte graphique on ne trouverait pas dans le pays deux pavillons identiques. Orner les façades de nos mairies d'étendards bleu, blanc, zèbre reviendrait à proclamer sur leurs frontons : liberté, égalité, zizanie.

Ne croyez pas que j'en fasse une affaire personnelle. Ne me dites pas qu'on peut schématiser les zébrures, les remplacer par des stries, des rayures, des hachures ou des traits parallèles et que j'en veux à Jardin de piétiner mes plates-bandes. Non, Jardin tient au zèbre. On peut le comprendre : l'animal est vif et le mot tranchant. Bleu, blanc, zèbre sonne mieux que bleu, blanc, gnou qui fait un peu gnangnan et mou du genou. Bleu, blanc, buffle ne conviendrait pas davantage : les bouffons serineraient bleu, blanc, bluff et bla-bla-bla.

Jardin aime le zèbre et je ne sais trop pourquoi2. Il n'y a pas de zèbres dans les villages de la France profonde où l'on se lève matin pour nourrir les enfants aux mamelles du labourage et du pâturage. Quitte à prendre un animal pour symbole je choisirais, moi, le percheron ou la charolaise3. Des bêtes solides, bien de chez nous, des noms de trois syllabes, chantants et balancés, des mots chauds et ronds qu'on garde longuement en bouche. Pas comme zèbre, qui file des lèvres à peine zézayé...

C'est vraiment une idée bizarre d'aller chercher son emblème au bout de la queue de l'alphabet. Le zèbre de Jardin, qui n'est pas un mauvais cheval, n'y est pas en très bonne compagnie. A part des sages comme Zadig4 et Zarathoustra5 il y croise des zouaves et des zigotos, Zorro et Zavatta pour les zygomatiques ou, pis encore, des zazous et des zozos zinzins, et Zazie6, avec deux z. Comment peut-il espérer finir en tête ? Vous me direz, la gauche est encore plus bête, qui prend le départ éparpillée par petits bouts, façon puzzle7...




1 Qui se souvient de Geneviève Tabouis ?
2 Si par hasard tu ne sais pas grand-chose d'Alexandre Jardin, il est temps de cliquer sur http://www.liberation.fr/france/2016/12/03/alexandre-jardin-un-zebre-candidat-a-la-presidentielle_1532715
3 Le bœuf et l'âne gris sont déjà réservés.
4 Sans Voltaire, M. Lefebvre. Et attention : "Il faut cultiver notre jardin", c'est Candide.
5 Là, pas Zara tout seul, M. Lefebvre.
6 Celle du métro.
7 Citation fameuse des Tontons flingueurs, largement reprise par la presse ces temps-ci...




10 novembre 2016

N° 173 - Elephant man




J'entends à la radio... En fait, je n'entends rien du tout. Je dormais bien, sur mes deux oreilles, et là, au réveil je tends l'une, je prête l'autre et... rien, rien de rien. La radio ? Je ne l'entends pas de cette oreille, pas plus de celle-ci que de celle-là. Je ne peux même pas dire que ça entre par l'une et ressort par l'autre. Je ne suis peut-être plus... qu'un ventre affamé ?

C'est vrai, je le sais bien, je suis un peu dur des deux feuilles. Tout ira mieux dès que j'aurai mis en place mes intras d'audika. Mais, flûte, je ne parviens pas à les introduire: ça résiste, ça coince... Je ne vais quand même pas déranger Anny Duperey pour ça : elle aurait beau jeu de faire la sourde oreille. Je sais bien aussi que mes esgourdes ne sont pas tout à fait aux normes: j'ai la conque biscornue, le tragus en pointe, le conduit étroit et tortueux. Mais faut-il donc avoir des oreilles d'âne ou des pavillons d'éléphant pour utiliser ces foutues prothèses ?

Bon Dieu, mais c'est bien sûr ! Voilà la question qui m'y a mis la puce. Je me préparais à écouter le résultat des élections américaines, à entendre le braiement du bourricot démocrate couvrant le barrissement du pachyderme républicain. Maintenant je suis au courant : c'est l'autre qui a gagné. Les démocrates ont pris la trempe. Ce qui me colmate l'ouïe, mon toubib appellerait ça une otite. En réalité c'est une réaction de ma trump d'Eustache, une sorte d'allergie...

Donald aura donc droit aux trumpettes de la renommée, si mal embouchées soient-elles. Moi, mes oreilles le sont encore, bouchées, mes conduits étrécis et mes tympans ensuqués*. Ca ne m'empêche pas de deviner ce qui nous pend au bout du nez, long comme le bras, dans six mois, et qui se voit déjà comme la trump au milieu de la figure...           **



* Rassurez- vous : je me soigne et c'est déjà presque fini.
** Mais cet instrument... Qu'est-ce qu'il fait donc là ?


25 octobre 2016

N° 172 - Terre d'accueil



Sur l'air de "Vesoul", de Jacques Brel, à retrouver sur 
https://www.youtube.com/watch?v=tVKWiseNGUU


Tu voulais voir London
Et ta sœur à London
Tu voulais voir Blackpool
Et ton oncle à Blackpool
Tu voulais voir Oxford
Qui était dans tes cordes
Tu rêvais d'Edimbourg
De vivre à Edimbourg
Tu voulais à Dover
Débarquer un beau jour
T'as payé ton passeur
Pour traverser la mer
Comm' toujours...

Tu voulais voir London
Mais t'as pas vu London
Tu voulais voir Blackpool
Mais t'as pas vu Blackpool
Tu voulais voir Oxford
C'est foutu pour Oxford
Tu rêvais d'Edimbourg
Mais pourquoi Edimbourg ?
Tu voulais voir Dover
T'as fait que l'aller-r'tour
Et t'as pas vu ta sœur
Qu'habite en Angleterre
D'puis toujours...

Mais, ils te l'ont dit :
Tu n'iras pas plus loin
Toi, tu prends pas l'train
Le tunnel, ni l' ferry.
D'ailleurs, il est l'heure,
Fais ton baluchon
Et prépar' ta musette
Le bus est là, pressons...

Toi qui viens de Kaboul
On t'emmène à Vesoul
Toi qui viens du Soudan
On t'emmène à Houdan
Tu voulais voir ta sœur ?
C'est pas sur le chemin
Ton bus est en partance
Pour un bled du Cantal
Ou bien (quelle importance ?)
Périgueux ou Cancale
Tu s'ras un banlieusard
Du Mans ou d'Epinal
Au hasard...

Toi qui as fui Daech
On t'accueille en Ardèche
Toi qui as fui Bachar
Welcome à Bourg-Achard
T'inviteras ta sœur
Ça lui fera du bien
De prendre des vacances
Dans le Massif Central
De découvrir en France
Marmande ou Bougival
De flâner au bazar
De Vierzon ou Laval
Au hasard...

Mais on te le dit 
T'as pas que des copains
Mais on te prévient
T'es pas au paradis
D'ailleurs, passée l'heure
De la réception
Des saluts, des risettes,
Faudra faire attention…


Tu voulais voir London
Et ta sœur à London
Tu voulais voir Blackpool
Et ton oncle à Blackpool...





Dessin de Deligne publié par La Croix le 10/9/2015.









9 octobre 2016

N° 171 - Dress code



J'entends à la radio beaucoup d'échos de la primaire à droite. Les conseillers du plus capé des candidats se montrent très actifs. L'un de ces spin doctors peaufine déjà un projet d'interdiction de tout "emblème, insigne ou uniforme" qui témoignerait d'un refus radical de l'égalité des sexes1. Cette cause est tout à fait honorable. Mais, sans en évoquer le véritable dessein, on peut s'attendre à ce que la mise en œuvre d'un tel projet soit extrêmement délicate. Car, on le comprend bien, c'est la façon de s'attifer qui est dans le collimateur. On imagine sans peine combien il sera difficile d'établir des règles. Il faudra par exemple que mon ami Pamphile sache au-delà de quelle longueur sa barbe le rendrait suspect de phallocratisme. Il faudra qu'on explique à Marinette jusqu'où pourront descendre ses manches et ses jupes sans qu'elle passe pour asservie et soumise. Puis qu'on fournisse à Désiré la liste des feutres, calottes et gapettes qui ne sauraient être pris pour des couvre-chefs.  Et à Léonor celle des bi, mono, tri, micro et tan-kinis ou des shorties, strings et tangas2 qu'elle devra, au choix, porter à la plage pour que son libre-arbitre soit incontestable.

Malgré tout, les incidents seront fréquents, les controverses violentes, les procès interminables... Nous n'éviterons les arguties et le désordre qu'en acceptant, tous et toutes, d'avoir le visage glabre et la boule à zéro et de porter en tout temps le bleu de chauffe et la casquette Mao. Ainsi toutes les différences seront gommées, il n'y aura plus ni masculin ni féminin, tout sera neutre et l'affaire sera réglée. Le Pape François n'aura même plus à s'inquiéter pour nos écoliers3.

Ce qui reste un rien paradoxal c'est que le même candidat aimerait bien que des emblèmes, insignes ou uniformes lui permettent de repérer les déçus de gauche qui auront le culot d'aller voter à sa primaire. Celles et ceux qui se résigneront à se déplacer pour favoriser plutôt Juppé seraient-ils disposés à se présenter chaussés de bottes ? Les partisans de Fillon à retrousser leurs robes ou leurs pantalons pour exhiber leurs bas ou chaussettes rouges4? Les tenants de NKM à se pointer une clope (éteinte) aux lèvres5? Ces contraintes, bien légères, faciliteraient beaucoup la mise au point des résultats...
Par contre ceux qui auraient l'intention de participer aux deux primaires, de droite et de gauche, qu'ils le sachent bien : ils ne seront pas du tout les bienvenus. Ils seraient même bien inspirés, ces Dr Jekyll et Mr Hyde, ces Janus bifaces, d'annoncer la couleur en venant avec leur veste enfilée sens devant derrière et la culotte à l'envers !



Quelques liens utiles à ceux ou celles qui ne suivent pas tout cela de très près ?
2. Vous n'attendiez quand même pas que je joigne des images ?  Il y en a des dizaines sur google !

25 septembre 2016

N° 170 - Primaire



J'entends à la radio qu'il faut encore que je vérifie qui sont mes ancêtres ? L'ennui, c'est que ça fait du monde... Voyons : je conserve de mon mieux un petit arbre généalogique, taillé par un oncle, greffé par une tante. Mais il est plus modeste qu'un bonzaï : un seul rameau atteint le XVIIeme. Il faut chercher la réponse ailleurs. J'ai, comme tout un chacun, deux parents, quatre grands-parents, huit arrière-grands-parents et ainsi de suite (si l'expression se prête à remonter le temps). Comptons en moyenne vingt-cinq ans d'intervalle entre générations. Quatre-vingt couches d'aïeux me séparent donc de la pâtée de Vercingétorix à Alésia. Rien qu'à cette époque -le calcul est simple- cela me fait 280, disons un million de milliards de milliards d'ancêtres, à un poil près. Alors qu'il n'y avait pas vingt millions de Gaulois, même en comptant les Belges ? Sarkozix a raison : le climat, on s'en fout ; le vrai problème, c'est la démographie ! Au point que je n'ose estimer combien j'avais d'arrière-arrière-etc... papis et mamies du temps d'Adam et Eve. En dehors d'eux, je ne vois même pas qui ça pourrait être, à part des gorilles et des bonobos.

Il y a quelque chose qui cloche... D'abord, je ne me fais pas d'illusions : dans les villages où j'ai des racines il a dû arriver qu'un brave gars épouse, à son insu, une cousine très éloignée. Et que, du coup, quelques siècles plus tôt, un ancêtre fasse rétroactivement double emploi, en tout bien tout honneur. Mais cela n'explique pas tout : si je n'avais eu pour ascendants que vingt millions de Gaulois il y a deux mille ans, cette consanguinité me vaudrait une tronche de dégénéré ! Heureusement d'autres moustachus, arrivés en drakkar, s'en sont mêlés dans les années 8 ou 900. Puis ces vaillants Normands, non contents d'avoir mâté les Anglais, sont allés régner sur la Sicile. Bien sûr, ils en ont ramené quelques belles Italiotes. D'ailleurs ma maman, bien que Cauchoise, portait un nom venu du sud de la Calabre. Quand on sait que les Grecs, les Romains, les Arabes, les Normands et tant d'autres se sont croisés là-bas depuis l'antiquité, on peut tout imaginer...

Me voilà rassuré sur mon pedigree : je suis Français depuis un sacré bail mais, par Toutatis, mes ancêtres ne sont pas seulement Gaulois... Ça, c'est une veine !




Et en prime, pour rigoler (à la Salvador) sur un air de cha-cha-cha :

     Faut rigoler, faut rigoler
     Avant qu'le ciel nous tomb' sur la tête
     Faut rigoler, faut rigoler
     Pour empêcher le ciel de tomber.

Nos ancêtres les Gaulois
Ne savaient pas autrefois
Qu'ils nous donneraient le droit
De pointer l'étranger du doigt :

     "T'es Congolais, mais pas Gaulois
     Prends ta valis', tes cliqu's, tes claquettes.
     T'es de Ouargla, mais pas Gaulois
     Retourne au bled, fissa, sans broncher".

Nos ancêtres les Gaulois
C'est bon pour la pêche aux voix
C'est un argument de choix
Pour remonter sur le pavois.

     Sans fignoler, sans chipoter
     Pour Nicolas c'est une recette :
     Sans fignoler, sans mégoter
     Les voix d' Marine il veut les pomper...





8 septembre 2016

N° 169 - CQFD



J'entends à la radio qu'on expérimente à Lyon des petits minibus sans chauffeur1. Un promoteur de la chose expose doctement que les accidents de la circulation sont dus essentiellement à des erreurs humaines. Pour en réduire le nombre, il suffit donc, c'est évident, de supprimer le conducteur ! Les beaux esprits persiffleurs ne verront là qu'un nouvel avatar du principe de précaution, sinon une... connerie, en insinuant que ce n'est pas incompatible. 

Pour ma part j'y trouve plutôt un bel exemple de sophisme2. A ceux qui auraient négligé d'écouter leur prof de philo, disons – en employant d'autres mots que wikipedia - que c'est une façon d'entuber son auditoire en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes. Je crois même identifier (les logiciens me corrigeront si je me fourvoie) un sophisme de la "cause unique" : celui où le rhéteur sélectionne la seule hypothèse qui lui permette de démontrer ce qui l'arrange. Car vous pensez bien que notre expert ès-navettes sait que la somnolence, l'ébriété et la téléphonite, même conjuguées, ne sont pas des conditions nécessaires ni toujours suffisantes d'un accident. Il en connait bien d'autres. La preuve en est qu'il fait rouler sa papymobile automatique à vingt à l'heure, sur des espaces strictement piétonniers. Pourtant, sachant qu'en ville un tiers des victimes sont des quidams qui vont pedibus, il devrait, en bonne logique, leur interdire l'accès au parcours de son autonominibus. De plus, sachant que l'engin pile net dès qu'il capte le moindre frémissement à l'entour, ce qui peut inciter les passagers à sauter en marche, la sagesse voudrait qu'il roule à vide. La portée de l'essai s'en trouverait peut-être affectée mais il faut quand même faire preuve d'un minimum de cohérence.

A propos de conducteur, nous allons l'an prochain élire celle ou celui qui prendra les rênes du pays. Sachant que : 
  1/ nos derniers présidents, si longue que soit leur expérience, si variées et étendues qu'aient été leurs responsabilités d'élus, ne sont pas parvenus à résoudre toutes nos difficultés
 2/nous risquons, si beaucoup d'électeurs se laissent abuser par la sophistique, d'avoir in fine à choisir entre :
      a) d'un côté une imprécatrice qui n'a jamais rien administré mais prône de faire le vide et de tout reprendre à zéro,
      b) de l'autre un jeune présomptueux qui ne se réclame d'aucun camp et n'a jamais encore été élu,
Question : A tout prendre, ne vaudrait-il pas mieux essayer le pilotage automatique ?




2 Du grec sophisma, dérivé de sophia, la sagesse (?)


18 août 2016

N° 168 - Démaillotage




J'entends à la radio que l'actualité est essentiellement balnéaire. La Syrie, la Crimée, Trump et Calais attendront bien la rentrée... Pour l'instant : vamos a la playa ! D'ailleurs, que ferions-nous au temps chaud si la Duchesse de Berry n'avait découvert Dieppe il y a deux siècles et pris goût à s'y baigner ? Car, on ne le sait pas assez, tout est parti de Normandie : après Dieppe et ses falaises d'albâtre, ses galets ronds et chauds sous le pied, ses flots parfumés d'iode et de varech, on s'enticha bientôt de Trouville, Cabourg et Houlgate...

Je doute cependant que mes aïeules du Pays de Caux aient jamais eu, à la belle époque, le loisir de fréquenter les plages de Veulettes ou des Petites-Dalles, pourtant proches de chez elles. 
Je n'ai trouvé dans les albums de la famille aucune photo d'une mienne grand-mère ou grand-tante accoutrée comme il était de mise pour les baigneuses : vêtues d'une robe les couvrant depuis le cou jusqu'aux talons ou d'une blouse et d'un pantalon d'étoffe sombre à galons blancs, coiffées d'une charlotte et, pour les plus prudes, chaussées de bas de laine noire.

Elles devront attendre des décennies avant qu'on leur concède qu'une fois mouillée une telle tenue est lourde, irrite la peau et met au mieux une journée à sécher et qu'elle n'est donc pas adaptée à la baignade. Des décennies avant qu'elles fassent valoir qu'une plage n'est pas une église et qu'on est en droit d'y laisser entrevoir son corps. Et pourtant, sur leurs vieux jours, les tantes de ma mère n'ôtaient toujours pas sur la grève le fichu dont, en bonnes paroissiennes, elles voilaient leur tête en sortant de chez elles...

Peu à peu les temps ont changé. Notre République laïque et tolérante respecte autant les pratiques des fidèles de toutes confessions que les usages des citoyens qui n'appartiennent à aucune d'elles. Et s'il se trouve parmi les hindous qui habitent la capitale (du côté du Faubourg Saint-Denis ou du passage Brady) quelques sadhus de la secte Naga Baba, on ne saurait s'étonner de les voir profiter un jour de Paris Plages pour descendre s'immerger dans le fleuve, simplement poudrés de cendre grise...



Je n'oublie pas le corrigé du "jeu d'été" qui se dissimulait dans le n° 167. Le mot à trouver était "pokemon" bien sûr ! Bravo à Frédérique qui a été la première à envoyer sa copie, que je me contente de coller ci-dessous : 

[...] j'avais chaud sous ma veste doublée de kapok et Monoprix me l'a remboursée. J'ai réussi à me lier d'amitié avec un petit groupe au Quai Monaco, une boîte assez bien fréquentée (mais ce n'est pas le seul tripot qu'ait monopolisé la bande). On s'y trémoussait sur des airs de salsa. Entre nous, ce n'est pas un tempo qu'aime, honnêtement, quelqu'un de mon âge. Au nombre de mes amis il y avait Lucas, un jeune sportif amateur de ball-trap, hockey, monoski et j'en passe, Joe, un étudiant américain, et Anne-Aymone, bachelière depuis peu. Je lui ai parlé, bien sûr, des années Giscard. Elle ignorait qu'à cette époque Aymone était un prénom porté au plus haut sommet de l'état, comme disent maintenant les journalistes. C'est elle qui a bien voulu m'initier. Elle m'a montré comment me servir d'une boule rouge et blanche pour capturer ma proie, avant de la valoriser. C'est un peu comme à la pétanque, si ce n'est qu'on peut, quand on a lancé bien haut la boule, qu'on a poqué, monnayer sa prise... D'ailleurs Joe, qui brulait d'envie de jouer un peu d'argent, a essayé de m'entrainer : "Hey, you, old chap, OK, money ? Just a few bucks..." Mais j'en savais assez pour emplir seul ma gibecière. Et, vous avez vu ? J'en ai déjà attrapé huit ! Pas vous ?







4 août 2016

N° 167 - Go-guette





J'entends à la radio que les jeunes qu'on voit marcher les yeux baissés, pieusement penchés sur leurs mains ouvertes, tels des chanoines plongés dans la lecture de leur bréviaire, ces jeunes-là sont à la chasse. 
Il y a les néophytes qui, plutôt que rentrer bredouilles, pistent à la billebaude le moindre salamèche ou la plus inoffensive carapuce sous les frondaisons des jardins publics. Il y a les dianes et les nemrods, qui se tiennent embusqués dans l'ombre des portes cochères dans l'espoir qu'une harde de kokiyas ou de porygons finisse par remonter l'avenue. Et puis il y a les tartarins, qui n'hésitent pas à s'aventurer jusque dans les savanes des banlieues les plus reculées pour y traquer les grands fauves, l'onix et le magmar.

J'ai profité des vacances pour en apprendre un peu plus long. Pour passer inaperçu j'avais cru malin de m'équiper en trappeur, mais j'avais chaud sous ma veste doublée de kapok et Monoprix me l'a remboursée. J'ai réussi à me lier d'amitié avec un petit groupe au Quai Monaco, une boîte assez bien fréquentée (mais ce n'est pas le seul tripot qu'ait monopolisé la bande). On s'y trémoussait sur des airs de salsa. Entre nous, ce n'est pas un tempo qu'aime, honnêtement, quelqu'un de mon âge. Au nombre de mes amis il y avait Lucas, un jeune sportif amateur de ball-trap, hockey, monoski et j'en passe, Joe, un étudiant américain, et Anne-Aymone, bachelière depuis peu. Je lui ai parlé, bien sûr, des années Giscard. Elle ignorait qu'à cette époque Aymone était un prénom porté au plus haut sommet de l'état, comme disent maintenant les journalistes. C'est elle qui a bien voulu m'initier. Elle m'a montré comment me servir d'une boule rouge et blanche pour capturer ma proie, avant de la valoriser. C'est un peu comme à la pétanque, si ce n'est qu'on peut, quand on a lancé bien haut la boule, qu'on a poqué, monnayer sa prise1... D'ailleurs Joe, qui brulait d'envie de jouer un peu d'argent, a essayé de m'entrainer : "Hey, you, old chap, OK, money ? Just a few bucks..." Mais j'en savais assez pour emplir seul ma gibecière. Et, vous avez vu ? J'en ai déjà attrapé huit2 ! Pas vous ?

Voilà... Ce n'était rien d'autre qu'un numéro de la série "jeux d'été", traditionnelle au mois d'août !



1 Variante non garantie.
2 Huit fois le même, plus ou moins bien caché sous les mots... La solution au prochain numéro ?



9 juillet 2016

N° 166 - Bercy bulle




J'entends à la radio que l'Emmanuel est En marche sur les platebandes. Au point que son collègue chargé du Budget s'est senti obligé de le remettre sur le droit chemin, bien d'équerre. Et de lui rappeler que les douaniers dépendent de lui, Eckert, et qu'il n'a pas, lui Macron, à les équiper de sea-bubbles. Mais j'en devine qui souhaitent des explications. Une sea-bubble c'est... comment dire ? A première vue c'est plutôt une auto, toute ronde, toute vitrée, genre Isetta. Vous vous souvenez : le pot-de-yaourt, l'œuf-à-roulettes ? Mais ça marche à l'électricité, comme une zoé d'autolib. Par contre ça ne roule pas, ça vole. A cinq ou dix décimètres d'altitude, pas plus, mais sans faire de rase motte, bitume ou pâquerettes : ça vole sur l'eau. Rien à voir cependant avec un hydroglisseur à fond plat, un hovercraft cachant un coussin d'air sous sa jupe ni un ekranoplane(1). Ces engins-là ont des hélices aériennes, alors que celles de la sea-bubble sont sous l'eau, au bout de ses pattes arrière. Pardonnez-moi, je n'avais pas encore précisé que la bubble a quatre longues pattes et des pieds-bots. Qui sont si difformes qu'ils la poussent hors de l'eau quand elle avance. Résultat : minimum de frottement, maximum d'économies(2) !

Voilà ce qui a séduit le ministre qui en est chargé (de l'économie) puis fait germer chez lui l'idée d'en doter les gabelous parisiens. Des gens que, pourtant, on est habitués à croiser en descendant d'un airbus ou d'un boeing plutôt qu'en débarquant d'un bateau-mouche... Il n'empêche que les trafiquants feraient bien de prendre garde quand la fantaisie les prendra de pousser en go-fast jusqu'à Notre Dame : une bubble qui met la gomme pourrait leur fondre dessus à... vingt à l'heure !

L'histoire a mis M. Eckert en rogne. L'Emmanuel prétend que ce n'était qu'une blague(3). Que voulez vous, "ça va mieux", il est jeune et ça sent les vacances. Mais de là à coincer la bulle à Bercy...






(1)            Là, j'en bouche un coin à plus d'un... Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Ekranoplan
(2)           On verra : pour le moment il n'en existe encore que des maquettes.