5 décembre 2016

N° 174 - Zoo logique




J'entends à la radio que M. Jardin est sur les rangs pour la présidentielle. Décidément, rien ne se passe comme prévu ! Il parait qu'aujourd'hui son mouvement citoyen refuse du monde. L'an dernier il disait qu'une candidature de sa part signifierait qu'il avait échoué... Echec ou pas, moi qui me flatte d'avoir prédit le succès de Fillon dès le premier débat et le forfait de Hollande depuis des semaines, je vous le dis tout net : attendez-vous à savoir1 que M. Jardin ne sera pas élu ! Son ardeur à liguer les gens qui font des choses, les "faizeux" comme il dit, n'est pas en cause. Le problème n'est pas là. Son handicap, c'est son slogan : bleu, blanc, zèbre.

Zèbre, ce n'est pas une couleur. On ne peut pas confectionner un drapeau bleu, blanc, zèbre. Les zébrures sont par nature aussi aléatoires et singulières que nos empreintes digitales. Faute de pouvoir en définir la charte graphique on ne trouverait pas dans le pays deux pavillons identiques. Orner les façades de nos mairies d'étendards bleu, blanc, zèbre reviendrait à proclamer sur leurs frontons : liberté, égalité, zizanie.

Ne croyez pas que j'en fasse une affaire personnelle. Ne me dites pas qu'on peut schématiser les zébrures, les remplacer par des stries, des rayures, des hachures ou des traits parallèles et que j'en veux à Jardin de piétiner mes plates-bandes. Non, Jardin tient au zèbre. On peut le comprendre : l'animal est vif et le mot tranchant. Bleu, blanc, zèbre sonne mieux que bleu, blanc, gnou qui fait un peu gnangnan et mou du genou. Bleu, blanc, buffle ne conviendrait pas davantage : les bouffons serineraient bleu, blanc, bluff et bla-bla-bla.

Jardin aime le zèbre et je ne sais trop pourquoi2. Il n'y a pas de zèbres dans les villages de la France profonde où l'on se lève matin pour nourrir les enfants aux mamelles du labourage et du pâturage. Quitte à prendre un animal pour symbole je choisirais, moi, le percheron ou la charolaise3. Des bêtes solides, bien de chez nous, des noms de trois syllabes, chantants et balancés, des mots chauds et ronds qu'on garde longuement en bouche. Pas comme zèbre, qui file des lèvres à peine zézayé...

C'est vraiment une idée bizarre d'aller chercher son emblème au bout de la queue de l'alphabet. Le zèbre de Jardin, qui n'est pas un mauvais cheval, n'y est pas en très bonne compagnie. A part des sages comme Zadig4 et Zarathoustra5 il y croise des zouaves et des zigotos, Zorro et Zavatta pour les zygomatiques ou, pis encore, des zazous et des zozos zinzins, et Zazie6, avec deux z. Comment peut-il espérer finir en tête ? Vous me direz, la gauche est encore plus bête, qui prend le départ éparpillée par petits bouts, façon puzzle7...




1 Qui se souvient de Geneviève Tabouis ?
2 Si par hasard tu ne sais pas grand-chose d'Alexandre Jardin, il est temps de cliquer sur http://www.liberation.fr/france/2016/12/03/alexandre-jardin-un-zebre-candidat-a-la-presidentielle_1532715
3 Le bœuf et l'âne gris sont déjà réservés.
4 Sans Voltaire, M. Lefebvre. Et attention : "Il faut cultiver notre jardin", c'est Candide.
5 Là, pas Zara tout seul, M. Lefebvre.
6 Celle du métro.
7 Citation fameuse des Tontons flingueurs, largement reprise par la presse ces temps-ci...




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