J'entends
à la radio que M. Jardin est sur les rangs pour la présidentielle. Décidément, rien
ne se passe comme prévu ! Il parait qu'aujourd'hui son mouvement citoyen refuse
du monde. L'an dernier il disait qu'une candidature de sa part signifierait qu'il
avait échoué... Echec ou pas, moi qui me flatte d'avoir prédit le succès de
Fillon dès le premier débat et le forfait de Hollande depuis des semaines, je
vous le dis tout net : attendez-vous à savoir1
que M. Jardin ne sera pas élu ! Son ardeur à liguer les gens qui font des
choses, les "faizeux" comme il dit, n'est pas en cause. Le problème
n'est pas là. Son handicap, c'est son slogan : bleu, blanc, zèbre.
Zèbre,
ce n'est pas une couleur. On ne peut pas confectionner un drapeau bleu, blanc,
zèbre. Les zébrures sont par nature aussi aléatoires et singulières que nos
empreintes digitales. Faute de pouvoir en définir la charte graphique on ne trouverait
pas dans le pays deux pavillons identiques. Orner les façades de nos mairies d'étendards
bleu, blanc, zèbre reviendrait à proclamer sur leurs frontons : liberté,
égalité, zizanie.
Ne
croyez pas que j'en fasse une affaire personnelle. Ne me dites pas qu'on peut schématiser
les zébrures, les remplacer par des stries, des rayures, des hachures ou des
traits parallèles et que j'en veux à Jardin de piétiner mes plates-bandes. Non,
Jardin tient au zèbre. On peut le comprendre : l'animal est vif et le mot tranchant.
Bleu, blanc, zèbre sonne mieux que bleu, blanc, gnou qui fait un peu gnangnan
et mou du genou. Bleu, blanc, buffle ne conviendrait pas davantage : les bouffons
serineraient bleu, blanc, bluff et bla-bla-bla.
Jardin
aime le zèbre et je ne sais trop pourquoi2. Il n'y a pas de zèbres dans
les villages de la France profonde où l'on se lève matin pour nourrir les
enfants aux mamelles du labourage et du pâturage. Quitte à prendre un animal pour
symbole je choisirais, moi, le percheron ou la charolaise3. Des
bêtes solides, bien de chez nous, des noms de trois syllabes, chantants et
balancés, des mots chauds et ronds qu'on garde longuement en bouche. Pas comme zèbre,
qui file des lèvres à peine zézayé...
C'est
vraiment une idée bizarre d'aller chercher son emblème au bout de la queue de
l'alphabet. Le zèbre de Jardin, qui n'est pas un mauvais cheval, n'y est pas en
très bonne compagnie. A part des sages comme Zadig4 et Zarathoustra5
il y croise des zouaves et des zigotos, Zorro et Zavatta pour les zygomatiques ou,
pis encore, des zazous et des zozos zinzins, et Zazie6, avec deux z.
Comment peut-il espérer finir en tête ? Vous me direz, la gauche est encore
plus bête, qui prend le départ éparpillée
par petits bouts, façon puzzle7...
1 Qui se
souvient de Geneviève Tabouis ?
2 Si par
hasard tu ne sais pas grand-chose d'Alexandre Jardin, il est temps de cliquer
sur http://www.liberation.fr/france/2016/12/03/alexandre-jardin-un-zebre-candidat-a-la-presidentielle_1532715
3 Le bœuf et
l'âne gris sont déjà réservés.
4 Sans
Voltaire, M. Lefebvre. Et attention : "Il faut cultiver notre jardin",
c'est Candide.
5 Là, pas
Zara tout seul, M. Lefebvre.
6 Celle du
métro.
7 Citation
fameuse des Tontons flingueurs, largement reprise par la presse ces temps-ci...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire