18 août 2016

N° 168 - Démaillotage




J'entends à la radio que l'actualité est essentiellement balnéaire. La Syrie, la Crimée, Trump et Calais attendront bien la rentrée... Pour l'instant : vamos a la playa ! D'ailleurs, que ferions-nous au temps chaud si la Duchesse de Berry n'avait découvert Dieppe il y a deux siècles et pris goût à s'y baigner ? Car, on ne le sait pas assez, tout est parti de Normandie : après Dieppe et ses falaises d'albâtre, ses galets ronds et chauds sous le pied, ses flots parfumés d'iode et de varech, on s'enticha bientôt de Trouville, Cabourg et Houlgate...

Je doute cependant que mes aïeules du Pays de Caux aient jamais eu, à la belle époque, le loisir de fréquenter les plages de Veulettes ou des Petites-Dalles, pourtant proches de chez elles. 
Je n'ai trouvé dans les albums de la famille aucune photo d'une mienne grand-mère ou grand-tante accoutrée comme il était de mise pour les baigneuses : vêtues d'une robe les couvrant depuis le cou jusqu'aux talons ou d'une blouse et d'un pantalon d'étoffe sombre à galons blancs, coiffées d'une charlotte et, pour les plus prudes, chaussées de bas de laine noire.

Elles devront attendre des décennies avant qu'on leur concède qu'une fois mouillée une telle tenue est lourde, irrite la peau et met au mieux une journée à sécher et qu'elle n'est donc pas adaptée à la baignade. Des décennies avant qu'elles fassent valoir qu'une plage n'est pas une église et qu'on est en droit d'y laisser entrevoir son corps. Et pourtant, sur leurs vieux jours, les tantes de ma mère n'ôtaient toujours pas sur la grève le fichu dont, en bonnes paroissiennes, elles voilaient leur tête en sortant de chez elles...

Peu à peu les temps ont changé. Notre République laïque et tolérante respecte autant les pratiques des fidèles de toutes confessions que les usages des citoyens qui n'appartiennent à aucune d'elles. Et s'il se trouve parmi les hindous qui habitent la capitale (du côté du Faubourg Saint-Denis ou du passage Brady) quelques sadhus de la secte Naga Baba, on ne saurait s'étonner de les voir profiter un jour de Paris Plages pour descendre s'immerger dans le fleuve, simplement poudrés de cendre grise...



Je n'oublie pas le corrigé du "jeu d'été" qui se dissimulait dans le n° 167. Le mot à trouver était "pokemon" bien sûr ! Bravo à Frédérique qui a été la première à envoyer sa copie, que je me contente de coller ci-dessous : 

[...] j'avais chaud sous ma veste doublée de kapok et Monoprix me l'a remboursée. J'ai réussi à me lier d'amitié avec un petit groupe au Quai Monaco, une boîte assez bien fréquentée (mais ce n'est pas le seul tripot qu'ait monopolisé la bande). On s'y trémoussait sur des airs de salsa. Entre nous, ce n'est pas un tempo qu'aime, honnêtement, quelqu'un de mon âge. Au nombre de mes amis il y avait Lucas, un jeune sportif amateur de ball-trap, hockey, monoski et j'en passe, Joe, un étudiant américain, et Anne-Aymone, bachelière depuis peu. Je lui ai parlé, bien sûr, des années Giscard. Elle ignorait qu'à cette époque Aymone était un prénom porté au plus haut sommet de l'état, comme disent maintenant les journalistes. C'est elle qui a bien voulu m'initier. Elle m'a montré comment me servir d'une boule rouge et blanche pour capturer ma proie, avant de la valoriser. C'est un peu comme à la pétanque, si ce n'est qu'on peut, quand on a lancé bien haut la boule, qu'on a poqué, monnayer sa prise... D'ailleurs Joe, qui brulait d'envie de jouer un peu d'argent, a essayé de m'entrainer : "Hey, you, old chap, OK, money ? Just a few bucks..." Mais j'en savais assez pour emplir seul ma gibecière. Et, vous avez vu ? J'en ai déjà attrapé huit ! Pas vous ?







4 août 2016

N° 167 - Go-guette





J'entends à la radio que les jeunes qu'on voit marcher les yeux baissés, pieusement penchés sur leurs mains ouvertes, tels des chanoines plongés dans la lecture de leur bréviaire, ces jeunes-là sont à la chasse. 
Il y a les néophytes qui, plutôt que rentrer bredouilles, pistent à la billebaude le moindre salamèche ou la plus inoffensive carapuce sous les frondaisons des jardins publics. Il y a les dianes et les nemrods, qui se tiennent embusqués dans l'ombre des portes cochères dans l'espoir qu'une harde de kokiyas ou de porygons finisse par remonter l'avenue. Et puis il y a les tartarins, qui n'hésitent pas à s'aventurer jusque dans les savanes des banlieues les plus reculées pour y traquer les grands fauves, l'onix et le magmar.

J'ai profité des vacances pour en apprendre un peu plus long. Pour passer inaperçu j'avais cru malin de m'équiper en trappeur, mais j'avais chaud sous ma veste doublée de kapok et Monoprix me l'a remboursée. J'ai réussi à me lier d'amitié avec un petit groupe au Quai Monaco, une boîte assez bien fréquentée (mais ce n'est pas le seul tripot qu'ait monopolisé la bande). On s'y trémoussait sur des airs de salsa. Entre nous, ce n'est pas un tempo qu'aime, honnêtement, quelqu'un de mon âge. Au nombre de mes amis il y avait Lucas, un jeune sportif amateur de ball-trap, hockey, monoski et j'en passe, Joe, un étudiant américain, et Anne-Aymone, bachelière depuis peu. Je lui ai parlé, bien sûr, des années Giscard. Elle ignorait qu'à cette époque Aymone était un prénom porté au plus haut sommet de l'état, comme disent maintenant les journalistes. C'est elle qui a bien voulu m'initier. Elle m'a montré comment me servir d'une boule rouge et blanche pour capturer ma proie, avant de la valoriser. C'est un peu comme à la pétanque, si ce n'est qu'on peut, quand on a lancé bien haut la boule, qu'on a poqué, monnayer sa prise1... D'ailleurs Joe, qui brulait d'envie de jouer un peu d'argent, a essayé de m'entrainer : "Hey, you, old chap, OK, money ? Just a few bucks..." Mais j'en savais assez pour emplir seul ma gibecière. Et, vous avez vu ? J'en ai déjà attrapé huit2 ! Pas vous ?

Voilà... Ce n'était rien d'autre qu'un numéro de la série "jeux d'été", traditionnelle au mois d'août !



1 Variante non garantie.
2 Huit fois le même, plus ou moins bien caché sous les mots... La solution au prochain numéro ?