4 août 2016

N° 167 - Go-guette





J'entends à la radio que les jeunes qu'on voit marcher les yeux baissés, pieusement penchés sur leurs mains ouvertes, tels des chanoines plongés dans la lecture de leur bréviaire, ces jeunes-là sont à la chasse. 
Il y a les néophytes qui, plutôt que rentrer bredouilles, pistent à la billebaude le moindre salamèche ou la plus inoffensive carapuce sous les frondaisons des jardins publics. Il y a les dianes et les nemrods, qui se tiennent embusqués dans l'ombre des portes cochères dans l'espoir qu'une harde de kokiyas ou de porygons finisse par remonter l'avenue. Et puis il y a les tartarins, qui n'hésitent pas à s'aventurer jusque dans les savanes des banlieues les plus reculées pour y traquer les grands fauves, l'onix et le magmar.

J'ai profité des vacances pour en apprendre un peu plus long. Pour passer inaperçu j'avais cru malin de m'équiper en trappeur, mais j'avais chaud sous ma veste doublée de kapok et Monoprix me l'a remboursée. J'ai réussi à me lier d'amitié avec un petit groupe au Quai Monaco, une boîte assez bien fréquentée (mais ce n'est pas le seul tripot qu'ait monopolisé la bande). On s'y trémoussait sur des airs de salsa. Entre nous, ce n'est pas un tempo qu'aime, honnêtement, quelqu'un de mon âge. Au nombre de mes amis il y avait Lucas, un jeune sportif amateur de ball-trap, hockey, monoski et j'en passe, Joe, un étudiant américain, et Anne-Aymone, bachelière depuis peu. Je lui ai parlé, bien sûr, des années Giscard. Elle ignorait qu'à cette époque Aymone était un prénom porté au plus haut sommet de l'état, comme disent maintenant les journalistes. C'est elle qui a bien voulu m'initier. Elle m'a montré comment me servir d'une boule rouge et blanche pour capturer ma proie, avant de la valoriser. C'est un peu comme à la pétanque, si ce n'est qu'on peut, quand on a lancé bien haut la boule, qu'on a poqué, monnayer sa prise1... D'ailleurs Joe, qui brulait d'envie de jouer un peu d'argent, a essayé de m'entrainer : "Hey, you, old chap, OK, money ? Just a few bucks..." Mais j'en savais assez pour emplir seul ma gibecière. Et, vous avez vu ? J'en ai déjà attrapé huit2 ! Pas vous ?

Voilà... Ce n'était rien d'autre qu'un numéro de la série "jeux d'été", traditionnelle au mois d'août !



1 Variante non garantie.
2 Huit fois le même, plus ou moins bien caché sous les mots... La solution au prochain numéro ?



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