J'entends à
la radio que l'actualité est essentiellement balnéaire. La Syrie, la Crimée, Trump
et Calais attendront bien la rentrée... Pour l'instant : vamos a la playa ! D'ailleurs,
que ferions-nous au temps chaud si la Duchesse de Berry n'avait découvert Dieppe
il y a deux siècles et pris goût à s'y baigner ? Car, on ne le sait pas assez,
tout est parti de Normandie : après Dieppe et ses falaises d'albâtre, ses
galets ronds et chauds sous le pied, ses flots parfumés d'iode et de varech, on
s'enticha bientôt de Trouville, Cabourg et Houlgate...
Je doute cependant que mes aïeules du
Pays de Caux aient jamais eu, à la belle époque, le loisir de fréquenter les
plages de Veulettes ou des Petites-Dalles, pourtant proches de chez elles.
Je
n'ai trouvé dans les albums de la famille aucune photo d'une mienne grand-mère
ou grand-tante accoutrée comme il était de mise pour les baigneuses : vêtues d'une
robe les couvrant depuis le cou jusqu'aux talons ou d'une blouse et d'un
pantalon d'étoffe sombre à galons blancs, coiffées d'une charlotte et, pour les
plus prudes, chaussées de bas de laine noire.
Elles
devront attendre des décennies avant qu'on leur concède qu'une fois mouillée une telle tenue est lourde, irrite la peau et met au mieux une
journée à sécher et qu'elle
n'est donc pas adaptée à la baignade. Des
décennies avant qu'elles fassent valoir qu'une plage n'est pas une église et qu'on
est en droit d'y laisser
entrevoir son corps. Et
pourtant, sur leurs vieux jours, les tantes de ma mère n'ôtaient toujours pas
sur la grève le fichu dont, en bonnes paroissiennes, elles voilaient leur tête en
sortant de chez elles...
Peu à peu les
temps ont changé. Notre République laïque et tolérante respecte autant les
pratiques des fidèles de toutes confessions que les usages des citoyens qui n'appartiennent
à aucune d'elles. Et s'il se trouve parmi les hindous qui habitent la capitale (du
côté du Faubourg Saint-Denis ou du passage Brady) quelques sadhus de la secte Naga
Baba, on ne saurait s'étonner de les voir profiter un jour de Paris Plages pour
descendre s'immerger dans le fleuve, simplement poudrés de cendre grise...
Je n'oublie pas le corrigé du "jeu d'été" qui se dissimulait dans le n° 167. Le mot à trouver était "pokemon" bien sûr ! Bravo à Frédérique qui a été la première à envoyer sa copie, que je me contente de coller ci-dessous :
[...]
j'avais chaud sous ma veste doublée de kapok et
Monoprix me l'a remboursée. J'ai réussi à me lier d'amitié avec un
petit groupe au Quai
Monaco, une boîte assez bien fréquentée (mais ce n'est pas le seul
tripot qu'ait
monopolisé la bande). On s'y trémoussait sur des airs de salsa. Entre
nous,
ce n'est pas un tempo qu'aime,
honnêtement, quelqu'un de mon âge. Au nombre de mes amis il y
avait Lucas, un jeune sportif amateur de ball-trap, hockey,
monoski et j'en passe, Joe, un étudiant américain, et Anne-Aymone,
bachelière depuis peu. Je lui ai parlé, bien sûr, des années Giscard. Elle
ignorait qu'à cette époque
Aymone était un prénom porté au plus haut sommet de l'état, comme
disent maintenant les journalistes. C'est elle qui a bien voulu m'initier. Elle
m'a montré comment me servir d'une boule rouge et blanche pour capturer ma
proie, avant de la valoriser. C'est un peu comme à la pétanque, si ce n'est
qu'on peut, quand on a lancé bien haut la boule, qu'on a poqué,
monnayer sa prise... D'ailleurs Joe, qui brulait d'envie de
jouer un peu d'argent, a essayé de m'entrainer : "Hey, you, old chap, OK,
money ? Just a few bucks..." Mais j'en savais assez pour emplir seul
ma gibecière. Et, vous avez vu ? J'en ai déjà attrapé huit !
Pas vous ?
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