Pourtant la conservatrice du musée de Düsseldorf a un scrupule. Elle a vu une photo de l'atelier de Mondrian où son tableau est sur un chevalet, dans l'autre sens. C'est en noir et blanc mais elle se fie aux espacements. Elle est tentée de le remettre à l'endroit, mais le tableau est trop fragile. D'autant plus que ce n'est pas vraiment un tableau : la toile est vierge, les bandes de couleur sont des rubans déjà plus très adhésifs. L'artiste tournait sans doute le châssis dans le sens qui facilitait son collage et l'on ne sait s'il avait tout à fait terminé quand la photo fut prise... Il y a bien un autre New York City de Mondrian au Centre Pompidou, fait un an plus tard, à l'huile celui-là, mais ce n'est pas le même canevas1. New York City 1 restera donc tel qu'il est, laissant chacun incliner la tête ou faire le poirier pour décider dans quelle position il ressent la plus forte émotion...
Je ne sais trop quelle est la mienne devant ce réseau de parallèles tricolores et primaires... Leurs entrelacs, leurs entrecroisements me ramènent aux origines de ce blog, où mes mots parallèles prétendaient faire écho aux mots croisés de mon puîné. Le tressage des rubans m'intrigue. J'en compte dix dans un sens et quatorze dans l'autre. Lequel a été posé le premier, dans quel désordre se sont-ils succédés et chevauchés ? Sans rien changer au motif ni aux couleurs il pourrait y avoir des milliards de combinaisons possibles2... Et même quatre fois plus grâce aux quarts de tours. Je vais proposer à mon frangin de nous lancer dans la confection de toutes ces variantes de New York City 1. Et de les numéroter soigneusement, comme nos autres œuvres.
1 - Voir par exemple : https://www.slate.fr/story/235625/tableau-mondrian-accroche-mauvais-sens-envers-new-york-city-musee-exposition
2 - 140 croisements dessus ou dessous, d'où 2140 = 1.39... x 1042 ??