2 novembre 2022

N°279 - Mange ta soupe !

J'entends à la radio que des attentats se multiplient dans les pinacothèques. Des factieux aspergent de potage épais ou de sauce pâteuse des toiles de grands maitres, en prétendant nous exhorter ainsi à renoncer aux énergies fossiles. Nous avons connu jadis un histrion wallon qui se faisait une joie d'aplatir des tartes à la crème sur les tronches des notables qu'il ne pouvait pas blairer. Il y eut aussi quelques enfarineurs, moins portés sur la pâtisserie, qui se contentaient de leur vider un sac de farine sur le crâne. Mais pourquoi donc barbouiller aujourd'hui de coulis de tomate les tournesols du malheureux Van Gogh ? Peut-on imaginer en effet une pub plus efficace, plus éloquente en faveur de l'énergie solaire que ces superbes fleurs héliotropes ? On se demande comment d'iconoclastes écolos osent balancer leur rata sur des plantes aussi vigoureuses, aussi généreuses, dont les larges feuilles, les fortes tiges, les riches huiles même - une fois recyclées après la friture - produisent tant de barils de bioéthanol ? Quelle sotte inconséquence...

D'autres ont jeté ici une gamelle de purée sur des meules de Monet, là une giclée de ketchup sur la jeune fille de Vermeer et sa perle d'oreille.  On renonce à comprendre pourquoi un sage et joli tendron enturbanné ou de paisibles moissons des alentours de Giverny peuvent enrager à ce point des détracteurs d'hydrocarbures... On craint qu'ils ne prennent d'autres chefs d'œuvre pour cibles et ne les canardent de chantilly, de mayonnaise ou de crème de marrons. On ne leur accordera même pas de circonstance atténuante si jamais ils arrosaient de minestrone la Vénus de Botticelli, poussée par un doux zéphyr jusqu'au rivage de l'ile de Chypre, toute nue dans le vent, debout dans la conque nacrée d'une immense coquille Saint-Jacques. Bien que le placement de produit y soit manifeste et le lobbying effréné de la Shell assez impudent...




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