9 décembre 2012

N° 94 - Steel nacht


J'entends à la radio que des matheux anglais, passionnés de trigonométrie sphérique appliquée aux surfaces coniques de révolution, ont établi les équations qui régissent l'harmonie de la décoration d'un arbre de Noël. D'après leurs calculs, la longueur nécessaire et suffisante de guirlandes est le produit de sa hauteur par 13p/8. Par ailleurs, le nombre optimal de boules est égal au vingtième de la taille du sapin multipliée par sa racine carrée de 17, la hauteur étant exprimée en centimètres (les grands-bretons qui s'obstineraient à tout mesurer avec leurs pouces de pieds obtiendraient un résultat décevant). Comme il y a peu de chances pour que ça tombe juste, mieux vaut arrondir au nombre entier le plus proche que de se briser les boules.

Sachons gré à ces chercheurs de consacrer leurs travaux aux problèmes quotidiens et cruciaux de leurs contemporains. Puisqu'ils appartiennent à l'Université de Sheffield, reconnaissons qu'on les imaginait, bien que cette ville en soit le berceau, plus portés sur les arcanes de la sidérurgie que sur ceux de la nativité. Et qu'on aurait plutôt attendu dans cet exercice les experts de la Bethlehem Steel Corporation, en Pennsylvanie. Mais, tous renseignements pris, ce qui reste de cette illustre compagnie se trouve maintenant dilué dans la société Mittal Steel.

Soudain on comprend mieux pourquoi, chez nous, les métallos ont les boules et le premier ministre se fait enguirlander, tandis que notre Sapin reste dans l'ombre ! Alors que les cheminées béantes des fourneaux éteints n'espèrent plus que le Père Noël... Et cela dans une vallée où les anges qui ont donné leurs noms aux moindres villages auraient sans doute volontiers entonné l'hymne… d'acier (oups…) ou chanté, par une belle nuit, une fois encore,

Tu ne connais pas, mais t'imagines
C'est vraiment magnifique une usine
C'est plein de couleurs et plein de cris
C'est plein d'étincelles, surtout la nuit…*


* Extrait de Fensch vallée, de Bernard Lavilliers.

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