2 décembre 2015

N° 155 - Sic transit


Pas facile de reprendre ses habitudes après ce qu'il s'est passé... Ni de se remettre, sans entrain, à écrire des futilités, qui feront au mieux sourire jaune. Et qui paraitront fatalement aussi fades et maladroites que prématurées et déplacées. Mais il ne faut pas nous laisser faire. Alors, essayons.

Ce préambule inhabituel me donne l'occasion d'adresser un clin d'œil à mon cadet, le "verbicruciste invétéré". Nous venons de nous rejoindre : lui à la tête de 155 grilles, moi de 155 billets ! L'œillade est d'autant plus appuyée que je vais m'aventurer ici dans ce qui fut un peu sa spécialité médicale. Au risque de me rendre suspect de... carabinade.



     J'ai entendu à la radio ce pauvre François Morel, qui aurait aimé parler d'autre chose. Mais de quoi ? Le carnage commis froidement par des tueurs complètement givrés nous a tous glacés d'effroi. Alors, la Cop21 peut-être ? Oui, pour nous réchauffer un peu (mais pas trop quand même)... Et pour parler de vivre, vivre ensemble sur cette planète, plutôt que des soi-disant "fous de Dieu" qui prétendent hâter la fin du monde [1]. Tenez, causons du roi de Suède, qui nous ouvre son cœur et sa salle de bains. Cela fait du bien de se sentir aussi solidaires, presque intimes. Charles XVI Gustave prend sa douche (tous les Suédois ne font pas toilette en se roulant nus dans la neige). Il nous montre sa baignoire, qu'il va faire déposer. Il a honte de ce qu'il faut d'eau chaude pour la remplir, honte des calories gaspillées. Il s'écrie : "Jag hittade (en français : euréka) : supprimons les baignoires !"  C'est sa contribution à la Cop21. Cela me rappelle une définition chère aux cruciverbistes : vide les baignoires et remplit les lavabos. L'entracte... les salles de spectacle... Non, parlons d'autre chose.

     Oui, des Suèdois encore. Un tiers des bus de Stockholm roulent maintenant au biogaz produit par la fermentation de ses eaux usées. C'est-à-dire, ne tournons pas autour du pot, des déjections [2] de ses habitants [3]. Sans distinction de couleur, de sexe ni de religion. Non plus que de cuvette, à l'occidentale ou à la turque. Mais évitons les digressions... Rendons plutôt ce qui lui est dû à César, c'est à dire au trône d'Angleterre : voilà un an que le premier bio-bus circule à Bristol [4]. Une ville plutôt connue jusqu'ici pour son papier, qu'on associe difficilement aux lieux d'aisance. 
     On le voit sur la photo, on n'y fait pas mystère de l'origine du carburant. S'ils suivent cet exemple les autocars promus par M. Macron trouveront grâce aux yeux des écolos. Surtout s'il n'est pas nécessaire de faire le plein à l'usine à gaz. Car JCDecaux ne tardera probablement pas à concevoir pour la RATP un sanisibus, aussi convivial qu'autonome. Un rouleau de papier recyclé y tiendra lieu de passe Navigo. Pas question cependant de double-decker, gentlemen upstairs, ladies en bas. Non, tous ensemble, tous ensemble. Mais parlons d'autre chose...

     Ce mode de fonctionnement vaudra aussi pour les voitures, naturellement. Il suffira de modifier les sièges et de les relier à un petit fermentateur dans un coin du coffre. Du coup le covoiturage aura le vent en poupe (?) : plus on sera, plus on ira loin. Et c'en sera fini du principe des précautions avant de partir. Aucun problème non plus avec les deux roues : les motards pourront rouler plein-pot. A la maison même, un méthaniseur domestique bouclera la boucle en faisant tourner le compresseur du frigo. Grâce à de substantielles... exonérations.

     Encore un mot quand même. On sait jusqu'où Vladimir Poutine se dit déterminé à buter les terroristes [5]. Maintenant que nous sommes presque coalisés, demandons-lui de leur laisser deux minutes, rien que deux minutes. Le temps de faire quelque chose pour nous, et pour la planète. Et n'en parlons plus.








[1] Il s'agit là d'eschatologie (du grec eskhatos, dernier, et logos, discours) : croyances relatives aux fins dernières de l'homme et de l'univers. 
[2] A ne pas confondre avec scatologie (du grec skôr) : propos ou écrits grossiers où il est question d'excréments.


1 commentaire:

  1. J'admire encore la finesse avec laquelle tu abordes les sujets les plus scabreux, sans oublier la rigueur des notes en bas de page
    JJG

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