J'entends à la radio un appel au peuple : il faut un
million pour la victoire de Samothrace*. Et j'en entends qui râlent déjà et
refusent de donner un sou pour une nouvelle expédition de Hollande! Oh là, pas
de panique : il s'agit d'une statue grecque que le Louvre doit restaurer, celle
de Niké, la déesse ailée de la victoire (d'accord, pas génial comme nom: être
niqué, ça n'est pas ce qu'il y a de plus glorieux...).
Voyons, faites un petit effort de mémoire :
Samothrace, ce n'est pas le nom d'une bataille, ni celui du vainqueur, c'est la
petite ile, tout en haut, où on a trouvé la statue, en mille morceaux. On les a
ramenés chez nous, recollés soigneusement, mais elle n'a toujours ni bras ni
tête**.
Et ça n'est pas facile pour le Louvre : faire la
manche pour une statue qui n'a pas de bras, ce n'est pas le pied ! Mais on s'est
dit qu'avec le tronc on devait pouvoir faire la quête et, bien sûr, on a
commencé par taper les mécènes. Sans trop de succès... Vinci a tergiversé : "La
victoire, veni, vidi, vici, sans doute… mais, non, pas vinci." Nestlé s'est
montré catégorique : "Pas de bras, pas de chocolat !" Chou blanc aussi, c'était
fatal, avec les fabricants de smart-phones, l'industrie du shampoing, les
marchands de lunettes… Beaucoup de
boites américaines comprenaient "Mickey" et ne voyaient pas bien où placer les
oreilles. D'autres s'offusquaient : "For Niké ? What do you mean, bloody guys
?" On a appelé Nike, évidemment, mais ils ont été trop exigeants : "Il lui reste deux pieds ? Alors OK, à condition qu'elle mette des baskets." Du coup
on a mis l'accent sur les ailes, mais les compagnies aériennes ont tiqué, à
cause du vol sans visibilité.
Toujours est-il qu'il manque encore un million pour
lessiver la victoire de Samothrace. Et qu'on fait appel à notre bon cœur. C'est
vrai, on a déjà beaucoup donné pour les Grecs ces temps derniers... Mais est-ce
que, malgré tout, on n'a pas réussi à trouver dix millions pour éponger la
défaite de Sarko ?
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