11 septembre 2013

N° 109 - Coup de boule


J'entends à la radio de quoi faire frémir les gens de mon âge. Nous ne sommes plus en sécurité nulle part !

Voyez cette Mamie claquemurée tout un dimanche dans les oubliettes des basses-fosses de sa banque, abandonnée au silence lugubre, aux ténèbres sépulcrales de la salle des coffres, cernée par un columbarium de casiers hermétiques et mystérieux. Un seul était ouvert, le sien, disponible et patient. Elle n'y avait malheureusement entreposé ni ballotin de Petits Lu, ni fillette d'Evian, ni bobineau de pq… Elle n'y serrait pour tout trésor que la carte bleue qu'elle n'osait porter sur elle, de crainte de se faire détrousser par un gredin. Elle se défiait de la canaille des faubourgs ; elle a failli périr victime de l'indifférence glaciale de la banque et de la finance(1)

Voyez ce brave octogénaire lâchement agressé alors qu'il jouait aux boules. Les pieds bien tanqués à l'intérieur du cercle, le jarret fléchi, il se préparait à faire un beau palet en tirant, modestement, à la raspaille. Ses compères des deux triplettes retenaient leur souffle, les yeux rivés sur le petit, quand ils entendirent le craquement sinistre d'une coquille qu'on écrabouille. Le pauvre vieux venait de se faire culbuter, démantibuler, ratatiner... Le monstre qui l'avait estourbi avait ramassé la boule(2). Il semblait s'apprêter à pointer, du bout de la trompe dont il avait balayé le pépé. Il venait de s'échapper de l'enclos d'un cirque forain pour se joindre à la partie(3).

Ce n'était donc pas assez de l'incivilité du vaurien, du larcin du tire-laine, de l'abus de faiblesse de l'aigrefin ? Voilà qu'il nous faut maintenant nous garder aussi des bêtes sauvages (dont, il faut le dénoncer, on ne contrôle pas non plus suffisamment les conditions de détention) et affronter chez nous les périls de la jungle. Quelle époque…


(2)    Il était venu sans les siennes. Il parait que les connaisseurs appellent cela "faire sa Micheline" !

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