10 octobre 2019

N° 225 - Cave... canem ?


J'entends à la radio qu'un boa s'est glissé sur le balcon d'un petit immeuble neuf et pimpant des hauteurs de Marseille. Il venait de filer en douce du terrarium d'une voisine de palier. Il faisait beau, ce n'était plus l'heure du pastis mais bientôt celle du déjeuner. Une petite chatonne se trouvait là, indécise et circonspecte devant sa première écuelle de croquettes. Le serpent n'en a fait qu'une bouchée pelue. Pauvre minette... Comme la grande Zoa, qui fut mangée crue, par son boa*... Le reptile mesurait un bon mètre d'après les premiers témoins. Il en faisait au moins deux corrigea la radio une heure plus tard. Les gratuits distribués le soir sur la Canebière décrivaient un constricteur carnivore atteignant trois mètres. Peut-être un anaconda. Mais c'est Marseille... et on ne connait pas encore le chiffre de la police.

Une semaine plus tôt une panthère noire avait déjà pointé sa truffe hors de la mansarde d'un galetas d'Armentières. Après être resté un moment aux aguets devant le chien-assis, le léopard avait entrepris de suivre à pas souples et comptés les longs chéneaux désertés par les chats de gouttière. Nombre d'Armentiérois apeurés virent ainsi rôder devant les lucarnes de leurs soupentes un Bagheera sombre et silencieux.


Nous avons donc, d'un angle à l'autre de l'hexagone, des voisins qui élèvent et gardent chez eux, plutôt mal, des bêtes sauvages ! Qui sont-ils, sont-ils fichés, font-ils au moins l'objet d'un signalement ? Celui-ci ne serait-il qu'un ardent militant de la biodiversité, désireux de nous en faire partager la richesse en nous offrant de côtoyer au quotidien les animaux de la jungle ? Celle-là anticiperait-elle les effets désastreux du dérèglement climatique en s'habituant à vivre au milieu des espèces tropicales qui migreront bientôt par hordes entières jusque chez nous ? Cet autre, après tout, n'a peut-être que des envies de savane et de safari, des soifs de baroud et de relents de ménagerie que son gros 4x4 SUV tout-terrain ne suffit pas à assouvir ? Par contre celui-là déplore manifestement que le pitbull et le rottweiler se soient trop banalisés et ne fassent plus vraiment peur. Il lui faut, pour se faire craindre et respecter, avoir pour cerbère à tenir éventuellement en laisse un fauve plus rogue et plus redoutable, un carnassier bien plus féroce. A défaut de pouvoir invoquer le second amendement ?
Notre monde s'ensauvage...


* Chez Régine...

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