1 février 2018

N° 197 - Mots de trop


J'entends à la radio le Ministre de la transition écologique. Il visite les villages des bords de Marne inondés. Ce qu'il dit aux micros ne va pas rassurer les sinistrés en cuissardes d'égoutier : "Il va bien falloir qu'on s'adapte : les extrêmes climatiques vont être malheureusement, socialement, économiquement, de plus en plus impactants1". Quoi ?... Vous aussi, M. Hulot ? Et, pis encore, sous forme d'adjectif verbal ! Impacter me hérisse... On ne sait donc plus dire, suivant le cas : affecter, concerner, frapper, marquer, éprouver, toucher, impliquer, influencer, altérer, impressionner, modifier, agir, influer, se répercuter, avoir de l'effet ? Impacter est un mot inutile et simpliste ; il s'ajoute à tous ces tics de langage qui polluent les bulletins d'information comme les conversations. M. Hulot, nous faut-il, en plus du dérèglement du climat, subir la dégradation de la langue ? Le bon français fait partie de la qualité de notre environnement. M. Hulot, entendez-vous avec votre collègue de l'Education pour le préserver et nous garder d'entendre réciter :

Un corbeau, en mode perché sur un arbre,
Avait, on va dire, un fromage dans son bec.
Du coup un renard impacté par l'odeur
Lui a dit en gros : "Bonjour Corbeau.
Pardon de te le dire, en fait tu es genre trop joli !
Tu as l'air juste trop beau, en fait c'est hallucinant !
C'est vrai, si en fait quand tu chantes
C'est aussi beau que ce que tu as, on va dire, sur le dos,
Tu es comme la star de The Voice, entre guillemets,
Et ça doit impacter grave tes voisins".
Du coup, le Corbeau, impacté par ce qu'il entend,
Est en mode tout fier.
Du coup pour montrer sa trop belle voix
Il ouvre en fait un trop grand bec.
Du coup il laisse tomber on va dire son camembert.
Du coup le Renard le ramasse vite fait et dit :
"Pas de souci, Corbeau, je gère.
Pardon de te le dire, à la base un lèche-bottes
Ca vit genre aux crochets de, on va dire, ceux qui l'écoutent.
En même temps, au niveau de la leçon, ça vaut bien un fromage".
Du coup le Corbeau, en mode trop honteux et vexé grave,
A juré, genre un peu tard, que la tchatche ne l'impacterait plus.
Ou pas. Voili, voilou...


Impact...


4 commentaires:

  1. Et voila, quoi ! C'est vrai, en somme...

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  2. Sur le temps qui passe, la langue qui se modifie et les réactions sur les jeunes qui arrivent en chantant
    "Nous entrerons dans la carrière - Quand nos aînés n'y seront plus"
    j'ai retrouvé ces quelques citations sur ce site: http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=37&t=3402 Je vous les envoie. Caillou (de Toulouse)

    Le Papyrus d'Ipuwer scribe égyptien fut découvert à Memphis. En 1828, le Musée de Leiden aux Pays-Bas acquit ce papyrus et le classa sous le numéro «Leiden 344» sous le titre: «Les Admonitions d'un Sage égyptien selon le Papyrus Hiératique de Leiden».
    « C'est la décadence, les enfants n'obéissent plus, le langage s'abîme, les mœurs s'avachissent. Puisse venir le jour où l'humanité coupable finira, où les enfants ne naîtront plus, où tout bruit cessera sur la terre, où il n'y aura plus à lutter contre toutes les nuisances. »
    Ipuwer de Gizeh. Sage de l'Égypte pharaonique, 3000 ans avant l'ère chrétienne. Cité par Polybe, historien grec vivant vers 200-120 ans avant Jésus.-Christ.

    « La jeunesse d'aujourd'hui est pourrie jusqu'aux tréfonds, mauvaise, irréligieuse et paresseuse. Elle ne sera jamais comme la jeunesse du passé et sera incapable de préserver notre civilisation. »
    Trouvé sur une tablette d’argile babylonienne dont l'âge est estimé à plus de 3000 ans

    « Ils manqueront d'égards et de respect pour leurs parents, sitôt qu'ils vieilliront et durement, sans redouter la justice divine, ils les accableront des plus cruels reproches au lieu de prendre soin de leur vieillesse. Je n'ai plus aucun espoir en l'avenir de notre pays si les jeunes d'aujourd'hui doivent être les dirigeants de demain, car ils sont insupportables, inconscients voire effrayants. Si l'avenir de notre peuple est entre les mains de la jeunesse frivole d'aujourd'hui, il y a de quoi désespérer. Cette jeunesse se conduit avec une suffisance vraiment intolérable. Elle croit avoir la science infuse. Quand moi j'étais jeune, on nous apprenait les bonnes manières et le respect que l'on doit à ses parents. Mais la nouvelle génération n'a de cesse de contester et elle veut avoir raison. Il est un fait certain que les jeunes sont d'une extrême insouciance. »
    Lu dans Les travaux et les jours d’Hésiode de Thèbes, un poète grec ayant vécu au milieu du Vllle siècle av. J.C.

    « Les jeunes d'aujourd'hui aiment le luxe, méprisent l'autorité et bavardent au lieu de travailler. Ils ne se lèvent plus lorsqu'un adulte pénètre dans la pièce où ils se trouvent. Ils contredisent leurs parents, plastronnent en société, se hâtent à table d'engloutir les desserts, croisent les jambes et tyrannisent leurs maîtres. Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. »
    Socrate, 470-399 av. J.C.

    « Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque les jeunes méprisent les lois, parce qu'ils ne reconnaissent plus, au-dessus d'eux, l'autorité de rien et de personne, alors, c'est là, en toute beauté et toute jeunesse, le début de la tyrannie. »
    Platon, vers 427 - 348/347 av. J.C.

    « Les jeunes d'aujourd'hui aiment le confort, l'argent et la paresse par-dessus le marché. Ils ne veulent plus se marier ou, s'ils sont mariés, élever une famille. C'est tout au plus s'ils consentent à avoir un ou deux enfants, afin de mieux savourer le moment présent. »
    Polybe, vers 200-120 av. J.C.

    Je n'ai pas été vérifié si ces citations étaient correctes mais… je le crains.
    Merci Pierre.
    Caillou de Toulouse

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    1. La République en marche a considérablement rajeuni le personnel politique. C'est en soi une bonne chose. Ses députés et son Président (pas le mien) viennent souvent du monde des entreprises modernes, des "start'up". Ils utilisent certainement le langage quotidien de leurs milieux et de leurs professions, des anglicismes, des tournures qui nous choquent. Et leurs "dir'com" vont dans le même sens et doivent même, vraisemblablement empêcher qu’ils aillent trop loin * (Un exemple savoureux ci-dessous).
      La langue évolue sans cesse. Quand ils seront vieux comme nous, (oui, oui, cela arrivera) ils seront à leur tour surpris et choqués par les mots chinois qui auront envahis notre belles langue française.

      * Trouvé sur ce site : http://maisouvaleweb.fr/anglicismes-et-novlangue-en-entreprise

      Mélissa eu alors une révélation : targetter les anciens clients de Paul était la best practice à mettre en place pour un quick win sur ce segment de marché. Oui, la stratégie de growth hacking à laquelle elle avait pensé allait certainement porter ses fruits.
      Si son ancien employeur avait commoditisé ses produits en se focusant sur les bons insights, le futur allait nécessiter beaucoup plus de challenge, et Mélissa le savait. Elle pris le parti d’opter pour un rethink global : revoir la punchline, repenser les inputs, les outputs et enfin, incentiver son marché pour driver l’audience et dépasser le simple nice-to-have, il fallait désormais du mandatory. Très vite, elle constitua son équipe en one-roof (même si certains nerds préféraient rester en remote) afin de redéfinir totalement le scope de l’offre. C’est à coups de Team-building que Mélissa pu faire matcher des profils différents qui aux premiers abords, n’auraient pas fitté.
      En parallèle, la mise en place d’un programme de cross checking avec les data du user tracking devint un pattern inévitable pour itérer et toujours finir successful.
      La stratégie finit par faire sens et impacter durablement le marché dans un slot record. Une part de 76% des devices du segment fut conquise, les shareholders reconnurent que la promesse répondait à la douleur en générant un ARPU considérable car les KPI étaient tous au vert (loyalty, Lifetime value, etc.). Encore une fois, nul besoin de benchmarker pour reconnaître la supériorité des OTT face aux industries brick and mortar.
      Mélissa envisage désormais une roadmap ambitieuse et challenging, elle ne redoute plus les one-to-one avec Paul.

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  3. Merci Marc, d'abord pour cette série de citations anciennes étonnantes. Elles nous font, tout compte fait, regarder les “jeunes de maintenant” d’un œil beaucoup plus indulgent...
    Pour ce qui est de l'évolution du langage, ils jouent certes un rôle très actif. Mais s’agissant de l’emploi “genre” abusif du verbe “impacter”, de l’expression “du coup” ou du “en même temps“ jupitérien, ce ne sont pas les jeunes qui sont les premiers visés, mais bien les professionnels de la communication !

    Quant à la novlangue des startupers... Comme disait Boileau :
    "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement
    Et les mots pour le dire arrivent aisément"...

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