16 janvier 2014

N° 116 - Promenons nous dans les bois


J'entends à la radio qu'il y a de plus en plus de loups en France, peut-être déjà trois cents1. Et qui ne se contentent plus de battre la montagne... Vous verrez, quand on reparlera du loup à Canteleu et à La Colle2, comme jadis, on en verra la queue sur la route de Louviers, dans la forêt de Saint-Leu et les vignes de Chanteloup. Et s'il entre dans Paris, il retrouvera le chemin du Louvre !

Evidemment, il y a tous les ans des milliers de brebis en moins… Panurge vous dirait, bien sûr, qu'elles sont assez bêtes pour se jeter d'elles-mêmes dans la gueule du loup, à la queue-leu-leu et bouche-bée-bée. Quand la faim fait sortir le loup du bois et qu'il s'en prend aux troupeaux, l'alpage est le théâtre d'épouvantables moutonnades. Un sacré gâchis de gigots, de côtes découvertes et de laine vierge à tricoter ! Mais, que voulez-vous, c'est la loi de la nature et des écosystèmes… Vous ne préférez tout de même pas voir nos moutons mis en sureté dans des ZA de banlieue, alignés en batterie dans des halles industrielles, comme dans l'usine à mille vaches de cet entrepreneur picard3 ?

Alors, posons la question : pourquoi le loup bénéficie-t-il d'un régime de faveur ?

Quand il a fallu défendre une autre ressource indispensable à notre survie, la patate, on n'a pas hésité à exterminer le doryphore de façon radicale. Sans qu'aucun apôtre de la biodiversité n'ait encore milité pour que ce petit coléoptère aux élytres zébrés soit maintenant réintroduit dans nos campagnes. En Afrique et en Asie, à Madagascar et même en Oklahoma, on voit périodiquement d'immenses nuages de criquets fondre sur les pâturages et les cultures. Cela ne s'est plus produit chez nous depuis qu'en Camargue, il y a quatre siècles, une nuée de sauterelles dévora, parait-il, plus d'herbe en un jour que quatre mille bœufs en un an4. Qui penserait à profiter du réchauffement climatique pour réapprivoiser en France quelques essaims de locustes migratrices ou de criquets pèlerins ?

Allons, soyons raisonnables et gardons le loup en captivité… N'aspirons pas à revoir le loup-garou du clair de lune, ni la bête du Gévaudan, ni aucun monstre maléfique ou autre animal terrifiant, par le Diable ou par Dieu donné. C'est déjà trop que la "bête immonde" ait ressurgi…



1 "Interception" du 12/1/2014 sur France Inter : Les bergers malades du loup.
2 D'après Wikipedia le nombre des toponymes relatifs au loup (leu en vieux français) témoigne de son importance dans la France d'antan. Canteleu (chant du loup) est une commune de Seine-Maritime ; La Colle-sur-Loup se trouve dans les Alpes-Maritimes ; Louviers est dans L'Eure, Saint-Leu-la-Forêt dans le Val-d'Oise, Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines. Et Louvre désignait un endroit hanté par les loups.
3 Il s'agit d'un entrepreneur du BTP qui se lance dans l'élevage industriel. Florian le fabuliste a pourtant prévenu : "Chacun son métier, les vaches seront bien gardées".
4 Rapporté par l'historien F. E. de Mézeray (http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7255).

1 commentaire:

  1. Merci au lecteur fidèle et attentif qui m'a signalé que Saint-Leu-la-Forêt est une commune du Val d'Oise, et non de l'Oise. Et qui a contesté qu'un loup égorge dix fois plus de brebis qu'il n'en dévore. Les statistiques qui font la part des animaux tombés paniqués dans le ravin et des carnages dus aux chiens errants parlent effectivement d'un rapport de l'ordre de trois.
    D'où cette nouvelle version, dûment amendée !
    Et une invitation à laisser ici ses commentaires, sans hésitation.

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