25 janvier 2013

N° 97 - Ma Normandie ?


J'entends à la radio qu'un vent nauséabond
Venu de Normandie a remonté la Seine *
(Il serait étonnant que par moi tu l'apprennes).
Moi, je n'ai rien senti. Je t'entends dire : "Ah bon" ?

Ton œil est incrédule et ta mine ébahie
Tu ne veux pas me croire et je le dis pourtant :
Non, je n'ai rien capté de ce gaz mercaptan,
Car j'ai longtemps vécu, tu sais, à... Quevilly !

Enfants, nous habitions à deux pas des usines
Devant un horizon barré de cheminées
Dont les émanations à peine raffinées
Allaient du blanc ou noir au jaune mandarine.

Saint-Gobain nous grisait de vapeurs azotiques
Un parfum de poussier venait des cokeries
Un fumet de choux verts de la papeterie
Et la Shell exhalait des senteurs benzoïques.

A Proust il a suffi d'un bout de madeleine
Pour rajeunir un jour, se retrouver enfant
Baigné de souvenirs oubliés de longtemps.
Il me suffit à moi d'un peu… d'acétylène.

Endormi, sous l'effet du gaz aromatique
J'ai revu les cargos, imposants, qui cheminent
Lentement, en suivant la courbe des collines
Au tournant de La Bouille, aux rives romantiques…

L'effluve a fait surgir dans mon songe rouennais
D'antiques pans de bois dans d'étroites ruelles,
Tinter des carillons aux clochers de dentelle,
Flamboyer des vitraux dont je me souvenais…

Dans mon sommeil enfin le gaz de Lubrizol
M'a fait voir dans les prés, de Louviers à Honfleur,
Les vaches qui broutaient sous les pommiers en fleurs.
Ca sentait bon la bouse, et pas l'éthanethiol…


*Pour en savoir un peu plus long, cf.: http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/01/22/19727-mercaptan-gaz-soufre-toxique-nauseabond

1 commentaire:

  1. Le rythme des sécrétions ségrestines s'accélère. Attention à la surchauffe! Le cerveau bouillonne, les zygomatiques s'enflamment. Il y a maintenant accoutumance, et même addiction, chez les patients en manque. Vite, une autre dose de ségrestine!!!
    KJJG

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