9 août 2012


N° 86              Cock-a-doodle-do


J'entends à la radio qu'on a reculé d'une place au classement des JO. C'est déplaisant… On n'est plus que sixièmes. Et ça pourrait se gâter en fin de semaine, vu que les Kazakhs nous collent aux baskets ! Alors écoute-moi, on n'attend pas, on fait le point maintenant. De quoi on parle ? Du nombre de médailles d'or ? Et l'argent et le bronze, ça compte pour du beurre ou du chocolat peut-être ? Faudrait pas oublier qu'au nombre total de médailles on est trop bien placés : les Coréens sont derrière nous !


Ah bon, les Japonais nous passent devant ? Evidemment, c'est facile… Si tu mets toutes les médailles dans le même panier, sans t'occuper du métal et de la couleur, c'est pas la peine de se fatiguer à arriver premier. Moi, je te le dis, il faut mettre l'or à trois points, l'argent à deux et le bronze à un. Ca c'est honnête. Et à ce compte-là on est cinquièmes. Derrière les Chintoks, les Ricains, les Rosbifs et les Russes. Tu te rends compte ? Derrière les Chintoks ! Ils sont un milliard trois cents millions, vingt fois plus que nous ! Ca aussi, c'est facile… Tiens, c'est comme la guerre de sécession : c'est sur, si les sudistes avaient été plus nombreux, les nordistes auraient drôlement pris la pâtée. Et bien nous, si on était cent millions et les Chinois aussi, nous, aujourd'hui on aurait déjà quarante-trois médailles. Tandis qu'eux, ils en auraient, je sais pas, on va dire, six ou sept, pas plus.
 
C'est clair, on est les meilleurs. Les Ricains, ils font que du sport à l'université, et bien ils n'en ramasseraient pas deux douzaines. Les Russes, ils ont de beaux restes, mais ils n'en feraient pas trente-six. Bon, je sais, il y a les Kazakhs, qui sont quatre fois moins que nous. T'as raison, eux, ils en auraient cinquante-huit. Mais si tu vas par là, les deux millions de Slovènes, ils en récolteraient deux cents. Et les quatre-vingt mille Grenadins ? Mille deux cents ! Moi je te parle de ceux qui font toutes les compètes, de ceux qui participent pour de bon. L'important c'est de participer. Un petit pays que tu sais même pas où il est, avec un seul gus qui pique une médaille, ça compte pas. Nous, on est les meilleurs des concurrents sérieux, c'est clair.
 
Les Rosbifs ? Non, j'ai pas oublié les Rosbifs. Ouais, ils sont presque autant que nous et ils ont davantage de médailles. Mais, dis, ça se passe chez eux ! Ils sont sur place, pas dépaysés, pas décalés. Avec Dad, Mom, Grandpa, Grandma, la famille et tous les potes sur les gradins. C'est dans leurs stades et va savoir ce qu'ils ont collé dans la piste pour que ça les arrange… Ca se court dans les parcs, dans les rues où ils trottinent et pédalent tous les dimanches. Et ils nagent et ils rament dans leur flotte. Ca aide, non ?
Et puis toi, quand tu as du monde à la maison, tu donnes les meilleurs morceaux à tes invités et tu te sers en dernier, s'il en reste. Tu t'installes pas au salon, à faire le beau. Tu la ramènes pas, tu t'occupes discrètement de la cuisine et de la plonge. Je suis pas chauvin, tu le sais, mais je vais te dire : si les JO avaient eu lieu à Paris, nous on n'aurait pas eu le culot de rafler autant de médailles que les Anglais. Parce que nous on a des principes et de la pudeur. Nous on est des gentlemen, nous on est fair-play…

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