2 février 2022

N° 268 - Avis de recherche


A la radio l'autre matin Christophe Bourseiller, l'homme qui se plaint que ce monde le rend fou, s'étonnait du nombre des disparus volontaires*. A l'entendre dix mille de nos concitoyens se cassent chaque année, se carapatent ou s'esbignent sans laisser d'adresse. Dix mille se tirent des flûtes sans tambour ni trompette. Ou prennent la fille de l'air tout en se faisant la belle... la même sans doute. Evidemment nul ne sait jusqu'où ils ont pu filer à l'anglaise ni s'ils ont mis les voiles plutôt que les bouts pour prendre le large. Ni avec quelle poudre d'escampette ils ont bien pu brûler à la fois leurs vaisseaux et la politesse. On ignore combien se font vraiment la malle pour la poser ailleurs. Car si l'on peut compter ceux qui manquent à l'appel on est incapable de distinguer ceux qui se sont évaporés, volatilisés, ou dissous pour de bon, des petits malins qui se sont discrètement délocalisés et méticuleusement transfigurés, débaptisés et reconvertis. Un disparu n'est vraiment catalogué comme volontaire qu'une fois démasqué ou rentré au bercail. Sinon il tombe dans l'oubli, comme les autres.

Chacun peut citer un ami, un parent dont il ne sait plus où il se trouve ni ce qu'il y fait. Tenez, puisque nous sommes ici, qui sait ce que devient l'auteur des billets que nous avions l'habitude d'y lire ? Aucune nouvelle depuis deux mois ! Même s'il avait pris soin de prévenir que la périodicité de ses rendez-vous serait aléatoire, deux mois c'est long... Mais personne ne semble s'alarmer, personne n'a posté le moindre message confessant un manque. Tant que janvier n'était pas terminé nous pouvions patienter, temporiser, nous dire qu'il ne manquerait pas de publier quelques lignes et de nous souhaiter enfin une année au moins passable. Mais non, rien, pas un mot... Que faut-il craindre ou imaginer ? Qu'il se cloître en ermite à l'écart des clusters ? Ou fasse retraite chez Orpéa pour donner le change, perçu deux fois par jour ? Et si, tout simplement, il était au contraire un peu sec, entre deux vagues, entre deux o, micron et méga ? A moins qu'il ne se soit mis aux verts, attristé par la campagne. Ou qu'il ne lui reste plus à raconter aucun vieux souvenir, aux relents de "mieuZavant" ? Plus rien à mettre en chanson sur des airs démodés...

Si vous avez un indice, inutile de prévenir la maréchaussée. Si vous le retrouvez, abordez-le avec douceur.

 


*https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-christophe-bourseiller (30/1/2022)




1 commentaire:

  1. Bravo ! On a bien fait de patienter. Le revenant est frais comme un gardon.

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