20 octobre 2020

N° 247 - Atterrés

Nous entendons tous à la radio, à la télé, à la maison, comme au boulot sans doute, l'émotion, l'horreur soulevées par l'assassinat du prof de Conflans. Nous les lisons dans nos journaux, nos mails, nos messages. Je ne me vois pas reprendre ici le cours de mes rubriques futiles comme si de rien n'était. Je n'ai évidemment aucun titre à écrire quoi que ce soit sur le sujet. Si ce n'est le besoin de partager avec celles et ceux qui lisent volontiers mes billets deux ou trois choses qui m'ont remué.

Une pancarte, vue sur BFMTV, brandie sur la Place de la République : "Si Dieu existait, il aurait honte". Oui, certainement, honte des fanatiques qui le trouvent à l'évidence trop tolérant, trop coulant et qui décident de prendre les choses en main, de sévir à sa place, de s'occuper eux-mêmes du jugement dernier. Honte des illuminés qui, finalement, ne lui font pas confiance, ne le trouvent pas à la hauteur.

Cette pancarte, en s'adressant directement à Dieu plutôt qu'à ses saints, est plus sévère encore que la fameuse une de Charlie où le prophète se lamente : "C'est dur d'être aimé par des cons"... Des cons d'extrémistes qui s'approprient ce qu'ils appellent leur religion, en font carrément leur affaire, l'utilisent à leurs fins. Car les hommes continuent à inventer les religions...

J'entends (toujours sur BFM, depuis mon vélo d'appartement) le recteur de la mosquée de Lyon répéter avec force qu'on ne peut pas se prétendre croyant et attenter à la vie, si l'on croit la tenir de Dieu. Pour ma part je crois fermement à la vie (avec une majuscule peut-être) si je ne crois plus guère en Dieu. Ou alors, je confonds les deux ? La vie, on en est sûr ; et c'est à peu près tout... Il y a quelques dizaines d'années j'ai relu par curiosité le credo que j'avais souvent récité. Je ne pouvais plus souscrire à aucune de ses lignes (sauf celles que les historiens confirment : "... a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli"). Et je me demande plus que jamais, pour m'en tenir aux religions d'ici, comment on peut se réclamer de Moïse, de Jésus, de Mahomet ou de Luther, pourquoi pas de Joseph Smith [1], et s'affronter, se trucider, s'exterminer à l'occasion, au nom d'un seul et même être, réputé suprême et bienveillant ?

Alors oui : liberté, égalité, fraternité ça me suffit, largement. Avec laïcité, qui participe des trois. Et j'y tiens.


[1] "Prophète" fondateur des Mormons (16 millions de fidèles) voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Smith.

  

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