J'ai entendu à la radio que Trump est allé poser
un pied au delà du 38eme parallèle. On ne parle jamais de parallèle
sans éveiller mon attention. Une fois là, il a pris tendrement les menottes du petit
Kim Jong-un dans ses grandes paluches, il a plongé son regard jusqu'au tréfonds
de ses yeux bridés et lui a fait cette déclaration solennelle : "Hey, guy
!"
Depuis, les géopolitologues les plus avertis se
perdent en conjectures : les uns, évoquant le petit pas d'Armstrong, croient à un
grand pas vers la paix dans le monde ; les autres citent Labiche et son
"Embrassons-nous, Folleville".
C'est qu'il semble bien loin, tout à coup, le
temps où Donald surnommait Kim "the
rocket-man" et tweetait que ce petit
gros était complètement cinglé ; celui où, de son côté, Kim le traitait de
fripouille, de gangster et de "dotard",
autant dire de vieux con gâteux. Mais je l'ai tenu moi-même pour une ganache insane
quand, avec des outrecuidances de gougnafier, il a nié le dérèglement
climatique. Puis j'ai maudit ses rodomontades de matamore et son cynisme de
soudard quand il a prétendu murer la frontière mexicaine. Je l'ai qualifié de paltoquet,
de béotien et de maroufle pour avoir plaqué l'UNESCO. De mufle et d'escobar pour
son rejet de l'accord de Paris. Je l'ai sans doute traité de sagouin et
d'ostrogoth le jour où il a autorisé des forages en Arctique. De boutefeu givré
quand il a transféré son ambassade à Jérusalem. Et au moins d'olibrius, de faquin,
de gourdiflot et de pendard obtus lorsqu'il s'est assis sur l'accord nucléaire.
Je le voyais comme un butor, un flambard, un sacripant mal-embouché, un
spadassin tudesque tant qu'il menaçait d'annihiler l'Iran.
Mais tout a changé... Donald Trump est aujourd'hui
comme cul et chemise avec le despote de Pyongyang. On s'attend donc à ce qu'il
aille maintenant bécoter l'ayatollah Ali Khamenei, qu'il fleurisse sa barbe puis
époussette gentiment les épaules de son kaftan. On ne doute pas qu'il remplacera
bientôt les barbelés du Rio Grande par des haies de charmille, ni qu'il conduira
lui-même la parade du prochain 4 juillet en tête d'un essaim de pom-pom girls
en trottinette.
On aimerait tant partager le rêve américain d'un
second mandat...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire