29 novembre 2018

N° 211 - La fin de tout ?


J'entends à la radio que bien des gens aimeraient qu'on y parle plus souvent des fins de mois que de la fin du monde. Ma pension et mon âge m'exonèrent aujourd'hui de l'un et l'autre soucis et je pourrais me contenter d'écouter les bons tuyaux pour la fin de la semaine ou la fin décembre. Mais je ne suis pas du genre à dire "après moi le déluge", tel le Bien-Aimé, et je m'inquiète quand même un peu : au final, comme on dit maintenant, le commencement de la fin des haricots est-il vraiment pour demain ?

Normalement nous avons encore devant nous six cents millions d'années à peu près tranquilles avant que le soleil s'enfle lentement, devienne de plus en plus mahousse, de plus en plus brulant et nous rôtisse tous à petit feu vif, jusqu'au dernier. A moins que d'ici là un autre mastard d'astéroïde ne tamponne notre planète et ne cause notre disparition brutale, sans prévenir, comme c'est arrivé à ces balourds de dinosaures il y a seulement soixante-cinq millions d'années. A moins encore qu'un nouvel enchainement de plissements, de séismes et d'éruptions monstrueuses, comme il y a deux cent cinquante millions d'années, ne libère tellement de poussières et de gaz à effet de serre que la température du globe s'élève, en allant jusqu'à provoquer, pour tout arranger, un énorme dégagement de méthane depuis le fond des océans. D'après les savants géo et paléontologues la température avait alors augmenté petit à petit de dix degrés. Ce à quoi quatre-vingt-quinze pour cent des espèces marines, comme les trilobites proetidae pourtant caparaçonnés, et les trois quarts des espèces terrestres, comme les agiles pélycosaures à voile, n'ont pas eu la chance de survivre(1). Pour seulement dix petits degrés de plus, en cinq cent mille ans !...

A propos, nous n'allons sans doute pas réussir à limiter notre réchauffement à moins de deux degrés d'ici la fin du siècle(2)...

Que voulez-vous, il faut bien se faire une raison : d'une manière ou d'une autre, de notre fait ou de celui de la nature, un jour, dans cent ans ou cent millions d'années, le développement, le progrès, la croissance, la religion, la civilisation, l'amour, tout ça, il n'y aura plus personne pour en parler...

Mais... va savoir si les espèces inconnues qui nous remplaceront n'auront pas la radio ?

Pélycosaure à voile

(1) Ce fut la troisième des cinq fameuses extinctions massives, celle du Permien. On dit que la sixième est en route...
(2) Soit mille fois plus vite qu'au Permien...

Pour vous permettre de tenir votre éphéméride à jour, voici un petit aide-mémoire :
- Le big-bang, c'était il y a 13 milliards d'années, un lundi.
- Le soleil a 5 milliards d'années. Il ne lui en reste pas beaucoup plus devant lui : il va s'enfler si bien qu'il en crèvera.
- La terre est un poil plus jeune, 4.5 milliards d'années, mais ne fera pas de vieux os si le soleil l'avale avant de s'effondrer.
De toute façon il nous faudra sans doute encore attendre quelques dizaines de milliards d'années avant que l'univers, après s'être rétracté, fasse une fin (?) dans une espèce de big-bang à l'envers. On se tient au courant !

1 commentaire:

  1. Autant de connaissance et de sagesse interpellent; chapeau l'artiste! Mais alors, est-ce à dire que même les œuvres de Basquiat pourraient partir en fumée? et les livres de Jean d'Ormesson aussi? Il faut ABSOLUMENT faire quelque chose!

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