5 janvier 2018

N° 195 - Comme c’est blizzard…


J’entends à la radio que des vents de Vendée ont abattu une grande éolienne (1). Elle était pourtant censée exploiter leur énergie à jamais renouvelable ! Compatissons sincèrement à la détresse des ingénieurs bernés par Eole, le fantasque dieu des vents...


Un malheureux constructeur d’éoliennes
Geignait ainsi :
"Quel coup du sort, quelle guigne est la mienne
Je suis maudit…
Fuyez, partez, villageois ! Qu’on se magne
Jambes au cou !
Le vent qui souffle à travers la campagne
Devient-il fou ?

Elle est au sol, ma superbe éolienne,
Mon bel oiseau…
Grand tronc brisé, fragile comme un chêne,
Piètre roseau,
Pales en croix, meurtri par la castagne,
En petits bouts…
Le vent qui souffle à travers la campagne
Devient-il fou ?

J’avais pourtant appliqué les principes
Des règlements
Et pris soin que mes calculs anticipent
Les vents violents
Car l’aquilon, même la tramontane
Sont des plus doux.
Le vent qui souffle à travers la campagne
Devient-il fou ?

J’avais compté qu’un fort vent de cyclone
Ou de typhon
Ebranlerait, vrillerait le pylône
En tourbillon.
Mais, sans ployer, ce grand mat de cocagne
Tiendrait debout.
Le vent qui souffle à travers la campagne
Devient-il fou ?

Sonnez le glas pour qu’aux champs il prévienne
Le paysan
Donnez l’alerte avant que ne survienne
Le vent d’autan
Prenez soin de vos fils et vos compagnes
Abritez-vous.
Le vent qui souffle à travers la campagne
Me rendra fou.

Ils vont tomber mes moulins à trois pales
Comme au bowling
Du Roussillon à la Côte d’Opale
En longues lignes,
Ils vont tomber mes moulins en Champagne
Tous d'un seul coup...
Le vent qui souffle à travers la campagne
Me rendra fou".

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Mais Trump dément le warming du climat,
Trump, le "génie" (2):
"La preuve est là, avec tout ce frimas
En Virginie !
Il ne fait chaud que là où le feu gagne,
Vers Malibu !"
Le vent qu’il fait, lui, depuis sa campagne,
Est bien d’un fou… 


P.S. Vous avez identifié ce dont, très, très humblement, je me suis inspiré : "Le vent qui vient à travers la montagne..." et le poème "Guitare" de Victor Hugo (Les rayons et les ombres) mis en musique par Brassens, sous le titre "Gastibelza" (3).


(1)     Cf. : http://www.leparisien.fr/societe/les-chutes-d-eoliennes-des-accidents-rares-et-spectaculaires-02-01-2018-7480524.php 


2 commentaires:

  1. Seul Pierre l'ingénieur pouvait signer cet hymne aux limites de la technique et à l'angoisse des concepteurs. J"imagine qu'il a pu ressentir des sentiments similaires à l'occasion de projets limites. Il m'est arrivé aussi de trembler une certaine nuit de 1999 en pensant à mes réalisations les plus scabreuses...
    Préparons-nous à relire cet article lors de la mise en service de Flamanville... si toutefois nous avons le temps
    JJG

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    1. Merci JJG pour ce commentaire venant d'un homme de l'art, de l'art de construire solide et durable, mais conscient, malgré son savoir-faire, que rien n'est jamais acquis (comme disait un autre poète mis en musique)... Et pas rassuré qu'on puisse prétendre avoir absolument tout prévu pour des structures autrement dangereuses que des moulins à vent !
      J'en profite pour remercier aussi JFD, expert en de tout autres domaines, la médecine et la chansonnerie, pour son e-mail azuréen. Après deux mots de compliment sur la façon dont est tourné mon pastiche (venant de lui, c'est la Légion d'Honneur !) il me met en garde contre une contradiction possible chez Brassens entre l'Eole dont le souffle rend fou et celui qu'au bord de la claire fontaine on prie qu'il fît du vent, qu'il fît du vent...

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