J'entends à la radio
que le maire de Londres va faire campagne pour le Brexit. Il
y a des Anglais comme ça, qui tiennent à se bouter eux-mêmes hors d'Europe !...
Et qui, un jour peut-être, réclameront même qu'on mure le chunnel et saborde
les ferries.
Pour un Normand comme moi c'est un vrai crève-cœur. Voilà neuf-cent-cinquante
ans, presque mille, le Duc Guillaume débarquait à Pevensey (tandis que Mathilde
faisait tapisserie)... Et depuis, l'Angleterre et la Normandie, au fond, c'est tout
un. On ne peut pas rompre comme ça, sur un coup de tête, après mille ans de vie
commune !... Tout n'a pas été rose, c'est vrai, mais on se connait tellement
bien qu'on a à peine besoin de mots pour se comprendre.
Oui, j'arrête,
j'en fais trop. C'est bon de prendre l'air, c'est sûr... Et puis cette forêt,
elle est rien belle ! Mais faut pas atiger. Je suis déjà pas mal décati, bientôt
je pourrai pus arquer sans me bailler dans la vatte. Quand je serai tout acroqui,
tout racrampi, j'aurai du mal à me déjuquer et je ne serai plus aussi vésillant.
Alors plutôt que de toupiner ou de buzoquer, je serai bin content de m'atiffer,
de mettre mon paletot et ma gapette pour aller beire un coup avec une bande de
calleux. Ou d'aller tailler une bavette avec des touilleux de dominos, même
s'ils m'élugent avec leur "couche-tout-nu" et leur
"catouillez-moi-cha"... En tout cas, les Anglais et nous, c'est foutu.
Alors, tant pis, rentrons nous camucher cheu nous. Comme le calimachon dans sa
coquille. Allez, à tantôt, pi des gommes pour les bézots !

* Ceux qui n'auraient pas tout
compris trouveront de l'aide sur http://melao.free.fr/patois.htm par exemple.