J'entends
à la radio… Je l'écoute à l'aube, sous la couette. J'écouette France Inter, en dormant en
pointillés. La Charline du cinq-à-sept se mêle à la revue de presse de 8h30 et
Bernard Guetta finit les phrases de Thomas Legrand... Pourtant j'entends, j'entends
qu'on nous écoute. Au commissariat, les bretelles du planton doivent relier son
oreillette à mon portable. Au Fort George G. Meade, Maryland, USA, un guy de la
NSA ne perd rien de mes bavardages. Et le tableau de bord de mon blog repère
des lecteurs-espions jusqu'en Russie et en Australie*.
On
m'écoute, on m'épie, on me scanne. Les caisses du Miniprix enregistrent mes
emplettes et les analysent, jour après jour. Le GPS me piste, il sait où j'erre,
devant quel linéaire, près de quelle gondole. Un SMS m'alerte sur la promo du
jour : sous mes yeux, trois camemberts faits à cœur pour le prix d'un. Mais j'ai
une taupe dans la place, un employé au merchandising. Il m'avait prévenu et déjà mis trois lots de
côté. Pour sa peine on ira boire ensemble un panaché Monaco.
De toute façon j'ai
maintenant un autre portable, rien que pour les courses, pour déjouer la traque.
Justement, j'ai besoin d'un avis : "Allo Bismarck ? C'est Kossuth." Des
pseudos, bien sûr. "Je prends un cookie ?" C'est un code, entre elle et moi, pour coquelet
rôti. (Penser à supprimer quand même le cookie cookie du navigateur. Et à enfiler mes gants pour payer en liquide, sans laisser d'empreintes sur les billets).


En
fait, aujourd'hui, elle fait les courses pour les Buisson, comme je les fais
pour le père Lecomte. Un truc pour embrouiller grave les métadonnées. Tiens, je
vais même lui prendre du rouge à lèvres et du mascara. Ca va faire du boulot à ces bavards du
bureau !
* Hi, Malcolm
!