1 juillet 2012


N° 82              Pierre Lachaise
 
 
J'entends la radio parler de toutes sortes de sièges. A l'Assemblée les groupes recueillent sur leurs bancs les dissidents virés du parti (mais un camarade touité reste encore au ban du PS...). Madame Taubira ne veut plus de jurés populaires auprès des magistrats du siège : ils tiennent leur instruction civique des séries américaines et donnent du "votre honneur" au président ! Le Saint-Siège s'apprête à réintégrer les intégristes. Devedjian va perdre son siège de député pour cause de suppléant au cul entre deux chaises, l'une au Sénat, l'autre au Palais Bourbon.
 
Et je suis, moi aussi, dans un embarras inconfortable, le verre de montre entre deux strapontins. A la veille de mon anniversaire, je ne suis pas sûr de mon âge. Je ne sais plus combien "le dieu morne et taciturne qui préside aux choses du temps" a fait, pour moi, "de tours d'horloge, de sablier"
 
Je ne vous apprends rien, nous venons d'avoir droit à une seconde supplémentaire. Car notre bonne vieille Terre ne rajeunit pas, elle non plus : elle s'essouffle, patine, tourne moins rond, moins vite… Il lui faut maintenant plus de vingt-quatre heures pour se retourner. Pour ne pas lui faire de peine on camoufle ça en donnant de temps à autre un petit coup de pouce à nos pendules. Mais elle retarde déjà de trente cinq secondes sur le temps atomique international. Dont chacun sait que la seconde dure tout simplement 9.192.631.770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133*. Loin de moi l'idée perverse de provoquer un conflit entre écolos, confiants en la nature, présumés partisans de l'horloge de la révolution terrestre, et productivistes fanas du nucléaire, probables sectateurs du temps atomique. Mais j'aimerais quand même bien savoir si je suis ou non plus âgé de trente cinq secondes. Et si notre planète, qui, quand elle était jeune, il y a trois cents millions d'années, bouclait sa virevolte en moins de vingt-deux heures, va bientôt, de plus en plus poussive, nous faire des journées de trente-cinq heures. Au point de me laisser demain fêter mon centenaire alors que j'aurais, sans m'en rendre compte, dépassé les cent quarante. En chaise à porteurs ou en fauteuil roulant...




* Ce n'est pas une blague !

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